Parentalité et handicap : vos questions
La maison des Maternelles- 6 min 25 s
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LMDM - Quelle est la plus grosse difficulté pour des jeunes parents porteurs de handicap ?
Héloïse Junier : Je vois trois difficultés potentielles, qui ne sont pas rencontrées par tous les parents :
- Faire face au regard désapprobateur et jugeant de la société qui pense souvent : « Ils sont égoïstes, ils font un enfant pour leur propre plaisir alors qu’ils sont dépendants. » Et la deuxième idée reçue c’est : « Ils font un enfant mais ils sont incapables. »
- Évoluer et vivre dans une société entièrement pensée pour les gens valides et non porteur de handicap.
- 3e difficulté : le fait qu’une action lambda du quotidien devienne très compliquée et nécessite une organisation pour un parent porteur de handicap. Ex : donner le bain, faire une balade au parc, etc.
En fauteuil et maman d’une petite fille de 2 ans, elle commence à me poser des questions. Comment aborder le sujet sans l’inquiéter ?
Il n’y a pas d’âge minimum pour expliquer l’origine du handicap ni parler du handicap : il va juste falloir adapter les mots en fonction de son âge.
Au contraire on peut en parler même quand il est bébé. Plus c’est dit tôt mieux c’est car comme ça le sujet devient fluide. Si le handicap survient après un accident qui est un souvenir traumatique avec une charge émotionnelle forte, il faut mieux le traiter en thérapie d’abord notamment avec de l’EMDR pour assainir le souvenir et ensuite on en parle à l’enfant.
Lorsqu’une femme porteuse de handicap décide de devenir mère, la considère-t-on comme "moins capable" ?
Question passionnante, la société est construite et pensée pour les personnes non handicapées, c’est la norme. Le handicap va alors être perçu comme une compétence en moins, que la personne n’aurait pas. On parle de validisme ou de valido-centrisme comme une norme sociétale, et il y a beaucoup de parents porteurs de handicap qui s’autocensurent, se considérant eux-mêmes comme moins capables car ils baignent dans cette culture validiste. Il faut différencier le handicap de naissance, de la personne qui a eu un handicap à 30 ans suite à un accident : c’est encore plus dur car il a baigné toute sa vie du coté des valides donc il porte un regard d’autant plus désapprobateur.
Sourde et mère de trois enfants, je n’ai jamais eu à souffrir du regard de mes enfants. En revanche, j’angoisse du regard de leurs copains, surtout au moment de l’adolescence. Comment aider nos enfants à avoir des clés pour répondre aux éventuelles remarques ?
De manière générale toute différence quelle qu’elle soit : éducation, couleur de peau, physique, peut faire preuve de moquerie. Rare sont les enfants à n’avoir aucune différence et ce n’est pas pour autant qu’on gagne en tolérance. Le fait de prévenir son enfant que d’autres sont susceptibles de se moquer c’est une bonne chose, parce que pour les autres enfants c’est la norme. À mon sens le meilleur outil c’est apprendre à l’enfant à communiquer, sur son ressenti par rapport au handicap de son parent. Mais, ça implique que les parents soient à l’aise avec leur handicap depuis toujours, que ça soit un sujet fluide. Ensuite, on peut apprendre à l’enfant à répondre aux moqueries par « Pourquoi tu me demandes ça ? Pourquoi c’est si important pour toi ? » Aussi, plus on sensibilisera tôt les enfants, dès la maternelle ou la primaire, à la différence, plus on inclura les enfants en situation de handicap à l’école, moins ça sera un sujet.