Ma fille est née grande prématurée
La maison des Maternelles- 11 min 37 s
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Une grossesse sereine jusqu’au sixième mois
Enceinte de six mois de son premier enfant et vivant une première grossesse sans souci particulier, Héloïse part célébrer Noël en famille à Avoriaz. Une nuit, elle ressent de vives douleurs au ventre. Elle appelle les pompiers qui comprennent qu’elle est en train d’accoucher et qu’elle fait une hémorragie. Héloïse est transférée en urgences vers la maternité la plus proche :
« J’ai la conviction que je perds mon bébé car je suis recouverte de sang. Mon mari, surprend une conversation entre un pompier et l’ambulancier : « Sois prudent mais roule vite, car ce n’est pas sûr qu’on la sauve » Mon mari pensait qu’il était en train de me perdre. »
À la maternité de Thonon-les-Bains, les médecins rassurent le couple : le bébé est vivant mais il va falloir accoucher immédiatement. Il naît donc à 30 semaines d’aménorrhée -soit, grand prématuré- et pèse 1,4 kilo. Héloïse n’a même pas le temps de voir si son enfant est une fille ou un garçon, car il est immédiatement transféré dans une maternité de niveau 3. La jeune maman reste dans le doute :
« Je me demande à quoi ce bébé peut ressembler. Je me demande si j’ai mis au monde un monstre. Je n’ai pas le temps de voir le bébé, qui part alors avec les motards de la gendarmerie. Je comprends qu’il y a alors une urgence absolue. »
Plusieurs semaines d’hospitalisation
Héloïse apprend qu’elle est maman d’une fille, qu’elle appelle donc Garance. Elle a été transférée à Chambéry et la première rencontre aura lieu plusieurs heures après la naissance. Cette première rencontre n’a rien à voir avec ce qu’Héloïse avait imaginé :
« Cette rencontre n’est pas un moment de joie car c’est tellement loin du bébé imaginé. Je découvre la réanimation, les bruits, les alarmes, la couveuse. Quand on me dit « voilà votre bébé » le choc est vraiment rude : elle a des capteurs partout sur elle, elle est à peine visible, minuscule. Je comprends que ce n’est pas du tout la maternité dont j’ai rêvée. »
Héloïse et Pierre vont devoir s’organiser. Pierre retourne à Paris car il est en période d'essai, et il revient en fin de semaine à Chambéry. Héloïse reste à Chambéry auprès de Garance. À ce stade de la prématurité chaque heure, chaque jour passé est une petite victoire, mais tout peut basculer :
« Le jour de mon premier peau-à-peau, enfin une émotion positive. Je descends en réa en me disant que je vais enfin tenir Garance dans mes bras et malheureusement vision d’horreur : ils sont en train de réanimer Garance qui n’a pas supporté la pose d’un cathéter. On me vire violemment de la pièce et on me demande d’attendre dans le vestiaire. Elle a 7 jours, elle fait 1 kilo, elle a fait un arrêt cardiaque : je me dis que c’est la fin. »
Le retour à la maison
Après 40 jours d’hospitalisation à Chambéry puis deux semaines à l’hôpital Foch à Suresnes (92), Garance rentre chez elle. Un nouveau combat commence pour Héloïse :
« Quand ça fait deux mois que vous avez offert votre rôle de maman à d’autres dont c’est le métier, vous ne vous sentez plus capable de le faire. Il y a eu plusieurs réanimations donc j’aurais préféré un retour à la maison avec des scopes. »
Pour surmonter ces épreuves et le sentiment de culpabilité, Héloïse s’est tournée vers une psychologue. Quant à Garance elle a été suivie jusqu’à ses 7 ans et hormis un retard de croissance dûe à sa prématurité, elle se porte à merveille. Héloïse a eu deux autres enfants nés prématurés aux aussi, à 34 SA pour son fils et 37 SA pour sa deuxième fille. Aujourd’hui, la famille se porte à merveille, comme en témoigne Héloïse :
« Ils vont super bien, une très jolie fratrie. Pierre et moi on a changé avec ces épreuves, on relativise plus car on ne sauve pas des vies. »
Héloïse a raconté son histoire dans un livre, Peau à Peau aux éditions Buchet-Chastel.