La maternité m’a donnée la force de sortir de la rue

La maison des Maternelles

La vie dans la rue Ashley grandit dans de nombreux endroits : à Ibiza, en Turquie, en France, en Australie, en Malaisie, à Bangkok et au Brésil… Elle vit de nombreuses expériences puis se retrouve à Paris à 21 ans, pour développer un nouveau projet professionnel. Mais rien ne se passe comme prévu : « Ça s’est mal passé avec mon associée et notre projet n’a pas pu voir le jour. Après cet échec, je me suis retrouvée sous la grisaille parisienne. J’ai commencé à déprimer. Je n’avais plus la force vitale, l’énergie de recommencer un nouveau truc. J’étais seule et extrêmement vulnérable. J’ai commencé à errer, à parler avec des personnes qui vivaient dans la rue. Je me sentais plus proche d’eux que d’autres personnes que je pouvais rencontrer. J’étais perdue, et je trouvais chez ces personnes une espèce de famille qui était prête à m’accueillir. » Ashley va alors rencontrer un jeune homme dont elle tombe amoureuse. Mais rapidement, elle découvre le crack et cette drogue finit par prendre de plus en plus de place. La jeune femme qui s’est émancipée dès l’âge de 16 ans, n’a malheureusement personne à qui demander de l’aide pour sortir de la rue et de la drogue : « Les seuls à qui je donnais vraiment des nouvelles étaient mes grands-parents. Mais je ne pouvais pas leur en parler. Ils auraient eu trop de peine. Dans un premier temps, j’ai continué à les voir en leur mentant, en les protégeant de la vérité. Et au bout de 6 mois, j’ai disparu. Je sais que ma grand-mère a fait le tour des commissariats de police pour signaler ma disparition alors que je ne vivais pas très loin, dans une tente au bord du périphérique parisien. » Une grossesse surprise À 24 ans, Ashley découvre qu’elle est enceinte. Après avoir pensé à une IVG, la jeune femme décide de garder le bébé et commence son combat pour se sortir de la rue et de la drogue : « Pour moi, c’était inconcevable de me droguer enceinte. Pourtant, j’en ai vu des femmes enceintes vendre leur corps pour pouvoir fumer. Pour éviter les tentations, il fallait d’abord que je me sorte de la rue. J’ai fini par reprendre contact avec mes grands-parents et avec leur aide, j’ai réussi à avoir un studio dans un appartement HLM. Quand on arrête le crack le sentiment de manque est constant. Je me suis battue pendant 3 ans contre moi-même. Jusqu’au jour où j’ai compris que j’aurais toujours cette pulsion, que je devais l’accepter et pouvoir vivre avec. Mais attention, vivre avec son addiction ne veut pas dire consommer ! » Un nouveau départ Tout en continuant de mener son difficile combat pour se sortir de la drogue, Ashley devient maman : « Quand la sage-femme me l’a posé sur le ventre, je suis tout de suite tombée en amour pour lui. J’ai commencé à lui parler en anglais, ma langue maternelle. Tout a été hyper intuitif. Je n’avais pas de doute sur ma capacité à être mère. » La jeune maman retrouve rapidement un travail puis elle décide de mettre son expérience au service des autres pour les aider à se sortir de leur addiction : « Quand mon fils a eu 8 mois, j’ai décidé de partir. Quitter Paris, quitter le père de Johan qui n’avait pas arrêté la drogue. J’ai commencé une nouvelle vie et j’ai travaillé sur le concept et la méthode « My Addie », une méthode pour apprendre à gérer ses addictions. La sortie de l’application est prévue en 2023. »