Guerre en Ukraine : comment en parler aux enfants ?
La maison des Maternelles- 6 min 27 s
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Comment faire, lorsqu’on est soi-même inquiet de la situation géopolitique, pour rassurer ses enfants ? Serge Tisseron, psychiatre et auteur de nombreux livres, notamment « 3-6-9-12 : apprivoiser les écrans et grandir » aux éditions Erès, nous répond :
« Il faut d’abord comprendre qu’on ne parle pas de la même manière à nos amis, adultes de notre famille, et aux enfants. Il faut trouver le bon moment pour en parler : par exemple, le repas du soir, à condition de le prendre sans TV ni téléphone mobile. Un moment où l’on a le temps, où l’on est tranquilles. »
Il est aussi important de demander aux enfants ce qu’ils ont pu voir ou entendre, notamment dans les médias, ou après de leurs amis :
« Commencez par demander à vos enfants ce qu’ils ont vu, car, après tout, ils ont pu voir des images ailleurs que chez nous. Leur demander ce qu’ils ont entendu aussi. Leur demander ce qu’ils en pensent, leur donner la parole : les prendre comme des interlocuteurs, pas comme des personnes à qui il faut tout expliquer. »
Pour le psychiatre, il est important de rassurer les enfants, notamment en replaçant l’évènement dans l’espace et le temps :
« Il faut d’abord les rassurer : leur montrer que ce conflit il a un espace, une temporalité. Avec un globe terrestre, leur montrer le pays. On voit beaucoup d’images de l’Ukraine avec les bombardements, mais on voit rarement l’Ukraine sur une carte du monde. Bien réaliser où se trouve le pays, la taille, le nombre d’habitants, comparer avec d’autres pays. De manière à ce que l’évènement soit circonscrit dans l’espace et dans le temps. C’est à la fois loin et proche : c’est un pays de l’espace européen, même s’il ne fait pas parti de l’UE. Mais c’est un pays avec lequel on partage beaucoup de choses. Les Ukrainiens vivent beaucoup de la même manière que nous : ce n’est pas un lointain pays dans lequel nos repères culturels ne seraient pas valables. On sent beaucoup de proximité, mais en même temps, c’est un plus éloigné, qui a une histoire particulière. Ce qui va être important aussi, c’est de montrer à l’enfant à quel point l’événement trouve sa place dans une histoire. Et surtout éviter les références aux gentils et aux méchants : il y a des lois, il y a eu des traités signés, et une rupture des traités. Évitons de dire « les méchants russes » : ce ne sont pas les russes, c’est le gouvernement russe. etc. »
On peut aussi rappeler aussi aux enfants les valeurs de solidarité en d’entraide :
« La solidarité n’est pas seulement militaire, il y a aussi un rappel des valeurs, il y a beaucoup de personnalités françaises ou européennes qui rappellent les valeurs auxquelles nous sommes attachées. « Liberté, égalité, fraternité » : ce n’est pas ringard ! Ce sont des choses dont on peu parler très tôt aux enfants. »
Pour les plus petits, avant 3 ans, Serge Tisseron conseille de rassurer l’enfant en le déculpabilisant, mais surtout sans chercher à cacher l’inquiétude :
« On peut leur dire qu’on est inquiets mais que ce n’est pas de leur faute : « Tu as du voir que papa et maman en ce moment sont un peu nerveux, lisent plus le journal, regardent plus la télévision ; On parle entre nous de manière un peu inquiète, mais tu n’y es pour rien. » Que l’enfant comprenne que ça ne vient pas de lui : pour les petits, c’est l’essentiel. Il ne faut pas cacher qu’on est inquiet : si on le cache, c’est pire que tout. Un enfant petit va le voir, et penser que c’est de sa faute. »
Enfin, concernant la télévision, le psychiatre conseille d’en garder éloigné l’enfant, particulièrement avant 9 ans :
« Le repas du soir doit se prendre sans la télé ! Avant 9 ans, ne pas mettre l’enfant devant le journal TV. On peut éventuellement dire à l’enfant : « Tu as entendu parler des événements en Ukraine, peut-être as tu envie de voir le journal TV. S’il dit oui, on peut donner son accord mais en regardant avec lui, en discutant avec l’enfant. Ne surtout pas prendre l’enfant « en otage » en le mettant devant le journal TV au moment où il mange, et ne pas le laisser le regarder des images d’actualité tout seul. »