Don de gamètes, comment ces enfants se construisent ?
La maison des Maternelles- 5 min 27 s
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LMDM - Les enfants issus d’un don de gamètes ont-ils conscience qu’il y a un secret autour de leur conception ?
Léa Karpel : Après coup, ils le disent, mais on ne peut pas deviner un don de gamètes. Ce qu’a dit Clément, c’est que des fantasmes se créent, entre autres celui de l’adoption, car il n’y a pas de ressemblances physiques. Parfois, les parents se trahissent pour la simple et bonne raison qu’ils en parlent entre eux, en présence de l’enfant en bas âge, avec les gens de leur famille. On parle au-dessus du berceau, au téléphone, etc., comme si l’enfant ne comprenait rien. Or, l’enfant va fabriquer à partir de quelques informations une histoire qu’il aura inventée, mais il est fort peu probable que ça soit l’histoire d’un don de gamètes. Donc ça va être compliqué pour les parents car il va falloir détruire un fantasme pour créer une réalité.
À partir de quel âge les parents peuvent dirent à leur enfant qu’il est issu d’un don de gamètes ?
Il faut en parler dès la naissance, même à la maternité ! Ça permet au papa et à la maman de pleurer sur leurs parcours, de dire qu’ils ont souffert pour en arriver jusque-là ! Expliquer à l’enfant que le parcours a été long. L’enfant n’est pas une chose, un objet, on le rend intelligent de façon harmonieuse en lui disant la vérité tout de suite. Si l’on attend, parfois ça sort de manière un peu forte aussi. On peut affiner la façon d’en parler aux enfants, mais je crois que les annonces solennelles sont difficiles. Je plaide plutôt pour un récit, j’encourage les parents à faire rentrer dans le récit familial cette histoire du don. On doit marcher sur un sol solide : si, au bout d’un moment, on vous « tire le tapis sous les pieds » en disant « ce que tu as cru n’est pas » il peut y avoir un mouvement de colère. Il n’y a pas pire sentiment que d’être trahi par ceux qu’on aime. Le mensonge par omission est quand même un mensonge. On risque donc de mettre son enfant en colère, ou triste, perdu, alors que si on l’avait aidé à construire ce savoir au fil du temps, il aurait pu se positionner et trouver une façon adequate d’être face à cette nouvelle du don de gamètes.
Comment parler du don de gamètes à son enfant en fonction des âges ? Il faut en parler régulièrement ?
Je suis tout à fait favorable à en parler régulièrement et en adaptant son vocabulaire. Il n’est pas utile de dire à un enfant de 6 mois ou 1 an qu’il a été conçu par don de gamètes. Mais aujourd’hui il y a de la littérature jeunesse qui existe et cela aide les parents à trouver les mots au fil du temps. Si on parle de la graine autour de 3 ans, il faut que le discours évolue avec le temps sinon l’enfant va penser qu’on se moque de lui. On parle donc de graine, puis d’ovocyte, de sperme, de donneur, de CECOS (Centres d'Etude et de Conservation des Oeufs et du Sperme humains) de banque de sperme, etc : on fait évoluer le vocable. Il faut le dire comme on le sent, même s’il y a des maladresses. C’est pour ça qu’il faut commencer à en parler tôt, car si on bafouille, si on est ému, si on pleure, etc : ce n’est pas très grave, on évolue.