Né d’un don de sperme, j’ai retrouvé mes demi-frères et sœur
La maison des Maternelles- 10 min 54 s
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Une révélation à 12 ans
Fils unique, Clément s’est toujours demandé pourquoi il n’avait pas eu de frère et sœur. Il a commencé à réellement se questionner vers 10 ans. Ses parents ne lui ont jamais caché qu’ils avaient eu des difficultés pour concevoir et qu’ils avaient été régulièrement « à l’hôpital ». Et surtout, Clément remarquait qu’il n’avait aucune ressemblance physique avec son père. C’est au court d’une partie de pêche à l’âge de 12 ans, que son père décide de lui en dire un peu plus sur la méthode de conception :
« Mon père m’a dit : « Clément, j’ai quelque chose à te dire ». Il a marqué un silence et il m’a dit « Je ne suis pas vraiment ton père. On a dû faire appel à quelqu’un d’autre ». Je n’ai pas tout de suite compris, mais je me rappelle que je lui ai sauté dans les bras à ce moment-là, en lui disant « si t’es mon père ». On a ensuite discuté, il m’a détaillé un peu le mode de conception, en me disant qu’ils avaient fait appel à un donneur. À l’instant T, c’était quand même un choc. Puis, en déroulant un peu, au fur et à mesure des semaines, j’ai commencé à penser à quelque chose : si c’était un donneur de sperme, j’avais peut-être des frères et des sœurs à retrouver ! Et ça, c’est cool ! »
La recherche des origines
Clément commence par rencontrer la gynécologue de sa mère. Il apprend ensuite que les dossiers médicaux de l’établissement par lequel étaient passés ses parents étaient au CECOS (Centres d’Étude et de Conservation des Oeufs et du Sperme humains) de l’hôpital Cochin. À ce moment, il rencontre un médecin peu enclin à l’aider :
« On avait pris rendez-vous avec ma mère auprès d’un docteur de l’établissement. Et ça s’est TRÈS mal passé. J’ai clairement été reçu par un con ! J’arrive, j’étais adolescent, et forcément pas très bien dans ma peau avec une histoire un peu lourde, que je lui explique ! Et tout d’un coup, le médecin me dit : « Ouais vous vous cherchez un père en fait, vous avez un passif compliqué avec le vôtre donc vous en cherchez un autre, vous êtes dans la mauvaise démarche, de toute façon les dossiers sont dans la cave, et je ne sais pas s’il reste quelque chose vu qu’il y a eu des inondations ». Il a totalement renié ma démarche en me disant que je devrais aller voir un psy. Il a bien relevé également que c’était l’anonymat total et que le donneur ne me cherchait pas. J’étais très mal en sortant de ce rendez-vous. Ça ne m’a pas découragé pour autant, au contraire, ça n’a fait que renforcer ma détermination. »
À 18 ans, Clément se rapproche de l’association PMAnonyme, qui a pour but de faire changer la loi sur l’anonymat des donneurs et l’accès aux origines. Clément a pu rencontrer d’autres enfants nés de don de gamètes :
« L’association regroupe des enfants nés d’un don de gamètes, des parents, mais aussi des donneurs. C’est comme ça que j’ai compris que dans ma situation, on me refuserait ce droit de savoir qui était mon donneur avec la loi sur l’anonymat de l’époque. »
Un test ADN qui révèle des demi-frères et sœur
En 2018, Clément fait un test ADN pour en découvrir davantage :
« En 2018, j’ai reçu des premiers résultats. C’est une plateforme sur laquelle on se connecte comme Facebook, et on a une liste de gens avec des compatibilités avec des pourcentage plus ou moins importants. J’ai vu une fille avec une compatibilité de 25% et c’était marqué « Demi-sœur ». Sur le moment, j’ai cru à un bug, ils se sont plantés ! Ce n’est pas possible. Je suis resté bloqué quelques minutes. Puis je vois qu’elle avait essayé de me joindre en message privé : « Apparemment selon le site, nous serions demi-frères et sœurs. Est-ce que tu ne serais pas né par don de sperme ? ». Je me suis empressé de lui répondre, et on a échangé quelques semaines comme ça. Elle m’a appris que ses parents étaient passés par la même banque de sperme que mes parents et qu’elle avait aussi un frère. J’avais donc un demi-frère aussi ! J’ai découvert quelques mois plus tard que j’avais un autre demi-frère originaire de l’Est de la France. »
La même année, Clément rencontre l’un de ses demi-frères. Très vite, le jeune homme remarque une ressemblance physique frappante :
« Ma première rencontre avec lui, j’en garde un souvenir ému, car visuellement c’était frappant ! Nous avions une ressemblance physique non négligeable. C’était très étonnant. On a parlé un peu du mode de conception puis petit à petit, un feeling s’est installé. Il me racontait que très jeune, il était passionné de généalogie et qu’il commençait à refaire tout l’arbre généalogique. Il avait cette même quête des origines en tête. Depuis, nous sommes devenus très proches. J’ai aussi rencontré ma demi-sœur quelques mois après, très sympa aussi, mais plus détachée que nous concernant la quête des origines. Nous avons rencontré le 3e demi-frère qui s’avère avoir un frère aussi, donc on en est à 5 ! Je n’ai rencontré qu’un seul des 2 pour l’instant. »
Pour Clément, c’est une certitude, un jour, il en saura plus sur le donneur :
« Un jour je retrouverai le donneur. Je suis passé par plusieurs sentiments concernant cela. Ce n’est pas une fin en soi de le rencontrer. Je veux juste arrêter de le fantasmer et imaginer comment il est. Je veux juste être fixé, pourquoi pas échanger avec lui. Je veux l’identifier surtout. Je veux savoir comment il est, s’il est brun, s’il est boucher. Éventuellement, le rencontrer s’il le souhaite, mais je ne veux pas interférer dans sa vie. L’identifier serait une réussite. »
Aujourd’hui, le jeune homme est très heureux de son parcours, et du soutien de ses parents dans ses démarches. Il est fier d’avoir retrouvé ses demi-frères et sœur. Ce parcours l’aura poussé vers sa vocation de devenir juriste et de découvrir l’associatif. Clément est aujourd’hui vice-président de l’association PMAnonyme.