Enfant, j’ai été privée de mes grands-parents
La maison des Maternelles- 11 min 21 s
- extrait
- tous publics
Du même programme
- La maison des Maternelles La maison des Maternelles La maison des Maternelles à votre service diffusé le 21/11 | 33 min
- La maison des Maternelles La maison des Maternelles Émission du jeudi 21 novembre 2024 diffusé le 21/11 | 22 min
- La maison des Maternelles La maison des Maternelles La maison des Maternelles à votre service diffusé le 20/11 | 33 min
- La maison des Maternelles La maison des Maternelles Émission du mercredi 20 novembre 2024 diffusé le 20/11 | 22 min
Avant la dispute
Enfant, Anne-Laure habitait à 10 km de ses grands-parents paternels dont elle était très proches. Tous les mercredis, elle, sa soeur et ses cousins se rendaient chez eux :
« Nous étions comme une colonie de vacances joyeuses de 10 enfants, avec 8 filles et 2 garçons de 3 à 12 ans. J’adorais les mercredis chez eux. »
Comme dans de nombreuses familles, il pouvait y avoir quelques petits conflits, mais cependant les parents d’Anne-Laure s’entendaient avec ses grands-parents, se souvient-elle :
« Mon père était très proche de son père, ils partageaient le même amour des trains, la passion du jardin. C’était une famille qui aimait faire la fête, de bons vivants. Ma mère avait une relation normale de belle-fille avec ses beaux-parents. »
L’assignation en justice
Soudain, un jour de l’été 1998, alors qu’Anne-Laure a 8 ans, ses parents décident de ne plus voir ses grands-parents pour les protéger sa sœur et elle des tensions et disputes :
« Le début du litige était lié à des histoires de famille, je ne me souviens pas de l'élément déclencheur, sûrement un désaccord entre frères et sœurs – j’imagine de la jalousie - et mes grands-parents s'en sont mêlés. C’était le conflit de trop. »
6 mois après cette décision d’éloignement, alors qu’elle rentre de l’école, Anne-Laure trouve ses parents avec le visage fermé :
« J'ai vite compris qu'il se passait quelques choses de grave. Notre grand-mère avait envoyé un courrier, elle intentait une action en justice, pour nous voir et faire valoir son droit de visite. »
Anne-Laure et sa sœur doivent rencontrer leurs grands-parents avec une assistante sociale dans un lieu neutre sans leurs parents :
« J’étais en colère de voir mes parents si tristes, de voir que la situation s’était envenimée à ce point-là. À cause de cette injonction, on m’obligeait à faire quelque chose que je ne voulais pas. Pour moi c’était de l'égoïsme. Ma grand-mère ne se souciait pas de ce qu’on pouvait ressentir, c’était une façon de blesser mes parents en nous utilisant, ma sœur et moi. Nous avons été une monnaie d’échange, un prétexte pour atteindre nos parents. »
Le non-retour
Ses parents ne voulant pas infliger cette situation à leurs filles, ils tentent de régler le problème à l'amiable, mais la grand-mère d’Anne-Laure ne veut pas retirer sa plainte. Ils se renseignent grâce à des aides juridiques pour connaitre leur marge de manœuvre :
« Un soir de février 1999, accompagnés d’un ami à eux - qui serait leur témoin – ils décident de nous déposer chez mes grands-parents à l’improviste. Cette surprise n’a pas plu à mes grands-parents qui ont refusé de nous prendre. Le ton est monté avec les gestes. Je me souviens avoir eu peur, je ne me sentais pas en sécurité. »
Puisque devant témoin, ses grands-parents n’avaient pas voulu voir Anne-Laure, la procédure s’éteint. À partir de ce fameux soir, il n’y a plus eu de contacts avec les grands-parents, ni les oncles, tantes, cousins et cousines :
« Malgré les 10 km qui nous séparaient, je n’ai pas eu de contact avec ma famille paternelle pendant huit ans. Cela m’arrivait de les croiser au marché mais nous étions des inconnus, comme-ci nous étions reniés. »
Une blessure forte
En 2007, la sœur d’Anne-Laure organise le baptême de sa fille et réunit à cette occasion toute la famille :
« Un contact a été renoué. Mais je restais sur la défensive malgré mes 17 ans. Il y avait de la gêne mais surtout je ne pouvais effacer cette fameuse soirée avec les gestes que j’avais vus de la voiture et la lettre d’assignation en justice. »
Anne-Laure continue à croiser quelques membres de sa famille, mais le lien est trop abîmé, irréparable selon la jeune fille :
« J’étais en colère que personne n’ait pris de nos nouvelles, je leur en voulais. Mes grands-parents ont voulu renouer avec moi, mais le pardon était compliqué pour moi. Des actes et des paroles difficiles ont été dites notamment par ma grand-mère, mes cousins et cousines envers nous. J’ai décidé de reprendre mes distances en 2011, de ne plus les voir. Car ça recommençait. Je les ai tous revus à la mort de mon grand-père début janvier 2022. »
Cette déchirure est restée une blessure dans la vie d’Anne-Laure, même devenue adulte. Maman depuis quelques mois, Anne-Laure fait tout pour que sa fille voit ses grands-parents régulièrement.