Le regret d’être mère : ultime tabou ?
La maison des Maternelles- 11 min 46 s
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La découverte de la parentalité
À 19 ans, Anne-Sophie rencontre Walid qui n’est autre que son colocataire à l’époque. Ils tombent amoureux puis décident de quitter la grisaille picarde pour le soleil de Marseille. Mais au bout de 7 ans leur relation s’essouffle et le couple pense à une pause, avant de décider de finalement faire un enfant :
« La grossesse se passe bien, je me sens épanouie, je me sens femme et non plus jeune fille. L’accouchement est tout à fait classique avec péridurale. Tout se passe bien, je me suis sentie maman dès qu’on a posé Ella sur moi et Walid était très heureux. »
Mais Ella a de grosses difficultés pour s’alimenter et les débuts d’Anne-Sophie en tant que maman sont difficiles. Elle doit rester plus longtemps que prévu à la maternité puis Ella sera de nouveau hospitalisée. Les semaines passent et Anne-Sophie entre dans une routine de plus en plus pesante :
« Je faisais tout à heure fixe : donner à manger, me doucher… Je me promenais toujours à la même heure et au même endroit. J’aimais mon bébé, je ne lui voulais pas de mal mais je ne prenais pas de plaisir à l’habiller, lui donner à manger. Je m’ennuyais. J’aimais beaucoup ma fille mais je faisais tout machinalement. »
La reprise du travail comme échappatoire
La reprise du travail agit comme un échappatoire pour Anne-Sophie, elle lui permet d’exister comme une femme à part entière et non pas juste en tant que mère :
« Je me sentais femme à nouveau, certains soirs je sortais boire un verre entre collègues et petit à petit je me suis échappée du rôle de maman tandis que Walid, de plus en plus, s’occupait d’Ella. Je rentrais tard et ça m'allait bien de voir ma fille pour le bisou du soir, de ne plus être dans la routine. »
Anne-Sophie éprouve alors un regret, et se questionne sur ce qu’aurait pu être sa vie si elle n’avait pas eu sa fille :
« Je ne regrette pas la vie d’avant mais la vie que je sens que je pourrais avoir sans enfant. J’avais l’impression qu’Ella était un frein à ma vie. Qu’elle m’empêchait de sortir, de voyager. C’était une entrave à ma liberté. »
Redécouvrir la maternité après un drame
Anne-Sophie et son conjoint se séparent quand Ella a 2 ans et demi. Une garde alternée est mise en place mais se retrouver seule avec sa fille pendant une semaine est très lourd pour Anne-Sophie. Le couple réorganise donc la garde d’Ella, qui passe deux semaines chez son papa et une semaine avec sa maman. Malheureusement, Walid va tomber malade :
« On lui a diagnostiqué une cardiomyopathie probablement due aux chimiothérapies reçues dans sa jeunesse. Il a été hospitalisé un mois et demi puis Ella est allée chez lui à temps plein. À ce moment-là, je passais voir Ella, je l’emmenais faire des activités. »
Deux mois après ce diagnostic, Walid décède. Ella perd alors son papa et Anne-Sophie devient maman à temps plein. La maman et sa fille doivent apprendre à se réapprivoiser dans le contexte difficile du deuil :
« On sortait, je l’emmenais partout avec moi car je ne voulais pas qu’on se laisse abattre. Elle avait aussi beaucoup de colère en elle et je ne savais pas comment réagir. Ella a été suivie par un psy et au fil du temps sa colère s’est apaisée. »
Progressivement, mère et fille trouvent leurs marques. Et si Anne-Sophie a pu regretter le rôle de mère qu’elle avait endossé, aujourd’hui ce sentiment fait partie du passé :
« J’ai plus de maturité aujourd’hui. Ma fille est ma raison de me réveiller le matin, c’est mon pilier. On a toujours notre petit sac de voyage prêt, à tout moment on est dans un train ou un avion. J’ai trouvé ma façon d’être mère. Ce n’est pas la façon qu’on voit dans les livres, sur Instagram, ou ce que peuvent nous dire nos propres mamans. C’est une adaptation. »