« À 15 ans, je jouais 20h sur 24 » : quand le jeu vidéo prend le pas sur la réalité
La maison des Maternelles- 11 min 4 s
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L’élément déclencheur
Enfant unique, Pauline a toujours été plutôt solitaire et passait beaucoup de temps à lire dans sa chambre. Alors qu’elle habitait dans un petit village avec très peu de connexion internet, un événement brutal vient chambouler son quotidien :
« Il y a eu une tornade : une vraie ! Ma maison a été complètement détruite. J’ai vu ma vie défiler, on était au sous-sol avec mes parents quand c’est arrivé. Ils essayaient de me rassurer mais c’était traumatisant. Ça a été l’élément déclencheur de la suite. »
Forcée de déménager dans la ville voisine, elle découvre internet et est équipée d’un ordinateur neuf par l’assurance. C’est alors qu’elle découvre Elsword un jeu en ligne à l’esthétique proche de celle des mangas- qui devient vite un refuge pour cette adolescente peu épanouie au collège :
« On joue dans ce qu’on appelle une « guilde », un groupe. Dans ma guilde il y avait une vraie notion de famille : avec un ami on était le papa et la maman, on avait des frères et sœurs, des enfants… C’était plus fort que mes amitiés du collège. »
La consommation pathologique de jeu vidéo
Plongés dans les travaux de la maison et problématiques d’assurance, ses parents ne se rendent pas compte immédiatement de la gravité de la situation. Leur fille prend également soin de leur cacher le nombre d’heures passées sur le jeu, de peur qu’ils lui en interdisent l’accès :
« Il y avait un escalier qui grinçait pour monter à ma chambre : quand j’entendais quelqu’un je pouvais facilement prétendre que je révisais. J’ai donc réussi à maintenir le secret pendant très longtemps… »
Bonne élève, Pauline passe de plus en plus de temps sur le jeu mais arrive à donner le change en classe. Sa consommation du jeu vidéo passe d’abord inaperçu, mais augmente drastiquement pendant les vacances d’été alors qu’elle vient d’avoir 15 ans :
« J’ai atteint le pire. La 1ère chose que je faisais au réveil : allumer mon ordi. Je mangeais très peu. J’ai perdu du poids car je ne voyais plus l’intérêt de manger. Niveau hygiène ce n’était pas non plus la joie parce que je trouvais que c’était une perte de temps. Et des fois j’étais tellement dans mon jeu que je me retenais d’aller aux toilettes pendant des heures ! À avoir mal au ventre ! »
Du sevrage à l’arrêt complet
Deux semaines avant la rentrée, Pauline part 15 jours en Corse en famille. Sa mère – qui se doute de quelque chose – lui interdit d’emmener son ordinateur. Une décision qui plonge Pauline dans une profonde détresse pendant les premiers jours – et nuits ! - du séjour :
« J’avais un mal-être ÉNORME, un poids sur le cœur. Vraiment un manque tellement fort ! Et j’avais un sommeil très turbulent, je faisais beaucoup de cauchemars, je parlais du jeu comme si j’étais dedans. Et je voulais tellement rentrer chez moi pour jouer qu’une nuit ma mère m’a retrouvée endormie en boule dans ma valise... »
Après une période de 4-5 jours qu’elle qualifie elle-même de sevrage, Pauline commence à reprendre goût à la vie : elle profite des activités proposées sur place, se lie d’amitié avec des jeunes de son âge, et discute sérieusement avec sa maman de son souci de jeu.
Si elle n’a pas coupé net sa consommation en rentrant, cette prise de conscience et l’entrée au lycée ont peu à peu entraîné une baisse du temps passé sur le jeu, jusqu’à l’arrêt complet. À 22 ans, elle revient sur son expérience pour passer un message aux parents :
« Je comprends les jeunes qui tombent là-dedans, surtout en ce moment car on vit une période très compliquée. Si on est parent il faut surveiller donc, mais ne pas en vouloir à l’enfant, c’est un moyen de s’échapper, d’essayer d’aller mieux... »