« À chaque départ, j’ai peur qu’il ne revienne pas » : au cœur du quotidien des familles de militaires
La maison des Maternelles- 11 min 28 s
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Apprendre à gérer l’absence
Dès la 1ère grossesse, Nadia assiste seule aux échographies et aux rendez-vous, son conjoint n’est pas présent pendant une longue partie de sa grossesse. Nadia accouche par chance en été d’un petite Neyla, le papa est présent. Puis, les premiers départs arrivent :
« Ça fait peur en tant que jeune mère de se retrouver seule avec un bébé, je l’ai suivi dans la région où il travaille, où moi je n’avais ni famille ni ami.es. »
Nadia peut rester jusqu’à 4 semaines sans nouvelles de son conjoint pendant les déplacements, des moments d’inquiétude pour la jeune femme, heureusement soutenue par les autres femmes de militaires dont elle est proche :
« On se soutient, on fait des activités toutes ensemble. On occupe les enfants. Il y a un kit que l’armée fournit aux enfants de militaires, avec des calendriers, des autocollants sur les émotions, des activités… »
2 ans après la naissance de Neyla, Nadia donne naissance à Elyjah. Mais durant ses 15 premiers mois de vie, il n’est présent que 3 mois en tout. Comme tout papa militaire partant sur le terrain, il rate des évènements de la vie de tous les jours et n’a encore été présent à aucun des anniversaires de son fils, qui a maintenant 4 ans :
« Une fois en lisant un livre sur les émotions mon fils, qui avait alors 2 ans, me dit « moi aussi je suis en colère » Je lui demande pourquoi, il me répond : « parce que papa il est jamais là » Ça m’a fait tellement mal ! J’ai rebondi : « il est là dans ton cœur, sur les photos, et même s’il n’est pas là il pense à toi » J’essaye de trouver des mots réconfortants. »
Affronter seule la grande prématurité
Le confinement permet à Nadia et son conjoint de passer du temps en famille. Quelques temps plus tard, Nadia est enceinte de leur 3ème bébé. Elyas naît grand prématuré alors que son papa est tout juste rentré de mission. Quinze jours après, il doit repartir sur le terrain malgré ce contexte si particulier. Un déchirement pour cette maman qui a particulièrement eu du mal à accepter le départ de son conjoint cette fois-ci :
« Je me revois lui dire : « s’il arrive quelque chose à notre enfant alors que tu n’es pas avec moi, je t’en voudrai toute ma vie » Je m’en veux maintenant de lui avoir dit ça. Aujourd’hui, Elyas est avec nous. Et s’il était arrivé quelque chose de malheureux à Elyas, il s’en serait voulu toute sa vie alors qu’il n’y a pas de raison : présent ou non, ça serait arrivé quand même. »
La peur de la perte
La peur de ne jamais revoir son conjoint est présente à chaque départ pour Nadia. Elle a déjà eu de grandes frayeurs lors d’opérations extérieures : apprenant qu’un décès a eu lieu sur place, elle attend de longues heures avant d’être informée qu’il ne s’agit pas du père de ses enfants...
« Je l’ai ensuite au téléphone, il me dit qu’il va bien, mais on est rassuré qu’un quart de seconde, le stress revient tout de suite : demain peut-être ça sera lui. On se dit que peut-être il ne reviendra jamais. »
Les enfants de Nadia n’ont pas encore exprimé de peurs quant aux risques du métier de militaire, mais l’aînée – Neyla – a beaucoup questionné sa maman après une émission télévisée en immersion sur le camp de son papa :
« Neyla m’a dit « mais en fait il fait quoi papa là-bas avec des pistolets ? Il tue des gens ? » Là, j’ai dû lui expliquer, la rassurer, en parler avec elle car j’ai vu la peur dans ses yeux : elle avait déjà vu le treillis, les uniformes, mais jamais les armes… »
Ce qui sauve Nadia au quotidien avec 3 enfants, c’est une organisation très rigoureuse. Mais malgré les habitudes prises à 4 pendant les missions, elle fait tout pour que son mari retrouve sa place au plus vite lors des retours : le lien avec ses enfants revient tout de suite.