L’infertilité inexpliquée
La maison des Maternelles- 5 min 29 s
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LMDM – Nous avons reçu de nombreux témoignages qui relatent de situations où le couple est dans une démarche d’adoption ou de PMA, et finalement la femme tombe enceinte naturellement. Comment l’expliquer ?
Florence de Wailly : C’est compliqué car la grossesse est un processus psychosomatique. Ça se passe dans le corps mais aussi dans la tête, c’est extrêmement complexe. Il peut y avoir échec ou réussite. Je dis souvent que du début de la grossesse jusqu’à la naissance du bébé, c’est un petit peu miraculeux ! On croit qu’avec le développement des techniques de PMA on va tout maîtriser, toutes les étapes : ce n’est pas vrai. D’ailleurs le taux de réussite en PMA c’est 30% environ, ce n’est pas non plus extraordinaire. Il ne faut pas faire de généralités mais il y a des moments où quand la femme n’en peut plus, quand le couple dit c’est trop long, trop difficile, que c'est trop de souffrances, alors on arrête. On renonce à ce fantasme de toute-puissance et de contrôle. Et c’est comme si le renoncement permettait la réalisation du désir.
On parle de blocage psychologique pour la femme mais ça peut aussi être un blocage qui concerne le partenaire ?
Oui, ça peut. On parle de blocage chez la mère car c’est vrai que c’est dans son corps que la grossesse « ne s’inscrit pas » donc on l’accable souvent... Il n’y a pas d’étude concernant des blocages psychologiques venant de l’homme mais il y en a sûrement. Il y a aussi parfois une difficulté d’accordage dans le couple, de compatibilité psychique. Parfois, tout va bien chez les deux partenaires médicalement parlant, mais ça ne fonctionne pas, alors que ça va fonctionner avec un autre partenaire. Le blocage peut venir du couple.
Pensez-vous qu’un suivi psy doit-être intégré de façon systématique au parcours ?
Je pense que cela devrait être proposé systématiquement. Ça dépend des centres, certains ont des psychologues qui sont intégrés à l’équipe. Les couples sont suivis pendant le processus, car c’est lourd, fragilisant. On leur propose aussi éventuellement de travailler sur des blocages inconscients. D’autres centres ne proposent pas d’accompagnement psychologique, c’est vraiment dommage. C’est un parcours difficile, les couples ont besoin d’être accompagnés et soutenus. Je prône une proposition systématique, évidemment sans forcer personne.
Quelles sont les raisons qui peuvent expliquer une infertilité alors que les examens ne révèlent aucun problème physique ni chez la femme ni chez l’homme ?
Parmi les couples qui consultent pour infertilité, 25% d’entre eux n’ont pas de problème médical, c’est une infertilité idiopathique -c’est-à-dire qu’on ne sait pas pourquoi ça ne marche pas- ou d’origine psychogène. Tout ce qui touche à la grossesse, au désir d’enfant, touche à son histoire personnelle, à son histoire intergénérationnelle, avec éventuellement des difficultés ou des drames -des grossesses complexes, des bébés mort in utero ou à la naissance- chez les parents, grands-parents… Et autour de la sexualité aussi. Certaines femmes qui ont subi des violences sexuelles ont du mal à être enceinte. Il y a beaucoup de raisons possibles. Ça peut être très culpabilisant, c’est pour ça qu’il est important d’en parler.
Lors d’une stimulation ovarienne, la sexualité devient utilitaire et très cadrée. Auriez-vous des conseils pour lâcher prise, que le plaisir reste présent au sein du couple ?
C’est compliqué, car dans ces processus-là, tout est très médicalisé, c’est le médecin qui appelle pour dire : « c’est aujourd’hui »… Autant que faire se peut, je pense qu’il faut essayer pour le couple de retrouver des moments de désir et de plaisir. Ça peut passer par des choses simples, on peut mettre un peu de décorum, on prépare, on essaye de prendre du temps, par exemple augmenter le temps des préliminaires, ou s’habiller un peu différemment. On essaye de retourner à la source du désir et du plaisir.