Adolescent, mon fils n’a cessé de fuguer
La maison des Maternelles- 12 min 55 s
- extrait
- tous publics
Du même programme
- La maison des Maternelles La maison des Maternelles La maison des Maternelles à votre service diffusé le 21/11 | 33 min
- La maison des Maternelles La maison des Maternelles Émission du jeudi 21 novembre 2024 diffusé le 21/11 | 22 min
- La maison des Maternelles La maison des Maternelles La maison des Maternelles à votre service diffusé le 20/11 | 33 min
- La maison des Maternelles La maison des Maternelles Émission du mercredi 20 novembre 2024 diffusé le 20/11 | 22 min
Une enfance compliquée
Nathalie et son conjoint ont adopté Alexandre à 2 ans en Bulgarie. Nathalie raconte que déjà, à l’époque, Alexandre semblait en souffrance :
« Il avait des plaques de cheveux qui tombaient, il avait de l’herpès, il était très speed, colérique. À l’âge de 3 ans, il commençait à faire sa valise, à dire qu’il voulait retourner à l’orphelinat quand quelque chose n’allait pas. Il cherchait toujours à être au centre, attirer l’attention. »
Mais c’est à l’adolescence que les choses se compliquent entre Alexandre et sa famille, raconte Nathalie :
« Au lieu de pouvoir accepter les remontrances qu’on pouvait lui faire, le cadrer, ça prenait des proportions énormes. Tout d’un coup, c’était le pétage de plomb, et il partait. »
Des fugues répétées
Une première fugue du jeune homme a lieu alors qu’il n’a que 14 ans. Jusqu’à 17 ans, il en fera de nombreuses :
« À 14 ans, il a erré pendant 5, 6h avant de me contacter avec le téléphone d’un passant. Après, il a fait d’autres fugues très "originales", il a une imagination débordante. Il est parti une nuit avec la voiturette de golf qu’on avait dans le jardin, il avait pris une tente, un gros sac de vêtements. Une autre fois, il est parti en tondeuse… Le pire, c’est quand il est parti avec notre voiture sans permis. J’ai dû prévenir la gendarmerie. »
Lors de ces fugues, le jeune homme ne coupe jamais longtemps le contact avec sa mère, mais elle craint qu’il se mette en danger, lui ou d’autres personnes. Lorsqu’Alexandre rentre à la maison, les parents restent calmes, tentent de rassurer leur fils, essayent de communiquer avec lui pour comprendre ce qui le pousse à agir ainsi. Même si Nathalie sait que l’histoire du jeune homme l’a profondément marquée :
« J’avais déjà des clés, je savais ce qui n’allait pas chez lui. Je lui disais : « Tu es comme un ordinateur qui a été mal programmé au départ, il y a des choses qu’il faut qu’on re-programme. Tu penses que tu es mauvais, mais ce n’est pas vrai. » Il était dans un mal-être. La chance qu’on a eu nous, c’est qu’au bout de quelques heures, il revenait au contact. »
Des appels au secours
Lors d’une énième fugue, le garçon va se diriger vers un pont qui surplombe l’autoroute et mimer de s’y jeter. Suite à cela, il sera alors interné en psychiatrie :
« Cet internement nous a permis de savoir qu’il n’avait aucune pathologie psychiatrique. Ça a confirmé ce qu’on pensait : c’est un enfant qui en raison de son histoire, nous appelait au secours, qui ne s’aimait pas, qui pensait qu’il avait été abandonné car il était méchant. Dès qu’il commençait à réussir quelque chose, il se sabordait automatiquement. Il ne pouvait pas s’aimer, pas avoir confiance en lui. Il nous testait aussi : jusqu’où allait-on pouvoir tenir, pouvoir l’aimer ? »
Nathalie se souvient de ces années comme une période noire. Les parents organisent un séjour de rupture, le jeune garçon part alors vivre 3 mois chez son oncle.
Un voyage réparateur
Les 18 ans du jeune homme approchant, ses parents se questionnent sur la façon de fêter l’événement, simplement organiser une fête ne leur parait pas cohérent vu le contexte. Nathalie et son mari vont alors décider d’emmener Alexandre en Bulgarie :
« On est partis tous les 3. On a pu retourner à l’orphelinat où il avait été les 2 premières années de sa vie. Il a retrouvé des personnes qui s’étaient occupés de lui quand il était bébé. C’était très émouvant. »
Dans le dossier d’adoption, Nathalie possède l’acte d’abandon de la mère biologique d’adoption, avec son adresse. Ils décident de se rendre sur place :
« On est allés à l’adresse qui était indiquée. On a retrouvé la famille biologique d’Alexandre. Il a vu sa grand-mère, son grand-père. Il a pu voir sa mère en visio. Tout cela a été réparateur. »
Alexandra a pu comprendre, grace à ce voyage et ces rencontres, beaucoup de choses sur son histoire. Aujourd’hui, le jeune homme a trouvé son équilibre, et Nathalie souhaite faire passer un message aux parents qui vivent les fugues de leurs enfants :
« Il faut tenir. Si l’enfant fait ça, c’est qu’il y a une raison qu’il faut chercher. La raison peut-être plus ou moins facile à trouver bien sûr, mais c’est un mal-être. Il ne faut pas culpabiliser, et se faire aider. »