Allaitement : tous les conseils d’une puéricultrice

La maison des Maternelles

LMDM - Comment reconnaître, surtout au début de l’allaitement, qu’un bébé a suffisamment tété ?  Élise Chenel : Ce qui n’est pas simple avec un nouveau-né qui a quelques jours, une semaine, c’est qu’il mange, il dort, il n’a pas de réelle phase d’éveil, donc c’est difficile de savoir. Mais il existe des signes très cliniques. Par exemple, un enfant qui mange bien, il va faire pipi régulièrement, 6 à 8 couches pleines par jour. Un peu moins constant, mais il va avoir un transit régulier. C’est aussi la maman, qui va avoir une sensation de « seins vides » après la tétée alors qu’avant la tétée elle avait une sensation de « seins pleins ». Les gros signes de déshydratations sont un peu plus difficiles à voir, de plus je ne suis pas médecin ! Mais un enfant qui dort énormément, qui est pâle, qui se creuse un peu au niveau du visage : ça peut être un peu inquiétant. Si les parents ont le moindre doute, il faut aller voir un professionnel de santé, un pédiatre, une PMI. Quels sont les facteurs physiologiques qui peuvent mettre en échec l’allaitement ?  On dit que toutes les femmes peuvent allaiter. Physiologiquement, on est en théorie toutes faites pour le faire. Mais il y a des femmes qui ont ce que l’on appelle l’insuffisance de lait primaire, ça veut dire que le corps ne peut pas faire de lait, la glande mammaire n’existe pas. Cela ne concerne que très peu de femmes. Ensuite, l’allaitement est un processus hormonal, il faut pour le mettre en place qu’il y ait une stimulation qui soit par le bébé ou un tire-lait quand les mamans ne peuvent pas mettre leur bébé au sein. En théorie, on peut -presque- toutes allaiter : dans la réalité, ce n’est pas si simple. Il faut que la stimulation soit régulière, mettre régulièrement son bébé au sein ou utiliser très régulièrement un tire-lait surtout dans le premier mois. Ce premier mois est charnière pour l’allaitement car il faut que le corps de la mère s’imprègne de ces hormones qui permettent de faire le lait. Pour certaines, cela se fait très vite, pour d’autres c’est plus compliqué mais on y arrive tranquillement, au fur et à mesure. Parfois on peut aussi avoir besoin d’être aidé par 1 ou 2 biberons de lait artificiel par jour, sans que ça soit un drame ! La stimulation le premier mois c’est très important : c’est pour cela qu’on dit qu’il faut alimenter son bébé à la demande. L’allaitement mixte dès le départ, c’est donc possible ? Si vous faites un allaitement mixte à 2 jours de vie du bébé, ça peut poser problème car quand on donne un biberon de lait artificiel à un nouveau-né, il va dormir pendant 6 heures. Il va boire les 70mL du biberon, alors que la mère n’a pas forcément cette quantité dans les seins. Le bébé va donc être repu, dormir pendant 6h voire plus. Pendant ces 6h, la maman peut avoir les seins qui gonflent, et c’est douloureux. Ça fait sauter des tétées : c’est ça qui est embêtant. Après, si l’enfant tète 10 fois dans la journée et qu’il a un biberon de lait : ce n’est pas un drame. Je reprends le travail dans 1 mois, mon bébé n’aura que 2 mois et demi. J’ai très peur que cela rende difficile mon allaitement. Que me conseillez-vous ?  C’est toujours une période charnière pour les mamans -et à raison. Soit on réussit à introduire un biberon ou 2 par jour, 2, 3 semaines avant la reprise du travail, et on tire son lait en parallèle pour le donner à bébé, si on peut. Mais cela peut être compliqué dans l’organisation familiale. Dans ce cas, avec l’accord du pédiatre, on peut introduire du lait infantile. Ensuite, la mère peut donner les tétées du matin, du soir, de la nuit et tirer au moins une fois par jour son lait. Après, ça peut devenir compliqué : le fait qu’il y ait moins de stimulation peut compromettre à faire perdurer l’allaitement. N’hésitez pas à aller à la PMI la plus proche de chez vous ! Il y a des professionnels hyper formés, qui peuvent vous accompagner et être à l’écoute de votre besoin du jour. C’est aussi un bon endroit pour faire peser son bébé et voir s’il grossit bien.