Je n’ai pas pu allaiter ma fille
La maison des Maternelles- 10 min 40 s
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Prête à tout pour allaiter
En 2019, Chrystelle tombe enceinte de Maëlys, et pour elle, c’est une évidence : elle veut allaiter sa fille à la naissance. Elle se documente beaucoup, fait des cours de préparation à l’allaitement, suit un groupe de soutien à l’allaitement. Mais alors que l’accouchement et la première mise au sein se déroulent au mieux, les complications ne vont pas tarder à arriver : 24h plus tard, Chrystelle a déjà des crevasses douloureuses. Une fois rentrée chez elle, alors que la montée de lait arrive, la jeune maman se retrouve déboussolée :
« Une fois la montée de lait arrivée, mes seins étaient devenus durs comme de la pierre. Le lendemain, j’avais des douleurs atroces dans la poitrine, je n’arrivais pas à me lever. Une sage-femme est venue vers 14h et en voyant ma poitrine, elle m’annonce que je faisais un engorgement. Les jours suivants mes seins se sont désengorgés mais je n’avais plus assez de lait. Quand la sage-femme a essayé de l’exprimer, seules quelques gouttes sortaient. Je me disais que quelques gouttes c’était normal, alors que ce sont des jets qui auraient dû sortir. »
Un allaitement qui met en danger son enfant
Chrystelle décide alors de se rendre chez une conseillère en lactation. Jusqu’alors, Maelys dort beaucoup, ne donnant pas de raison à ses parents de s’inquiéter. Mais la conseillère, en rencontrant la maman, lui annonce que sa fille est passée en mode « survie », qu’elle ne se réveille que pour avoir le strict minimum et qu’il est alors urgent de lui donner un biberon de lait infantile, et d’ensuite penser à la suite de l’allaitement. Un choc pour la jeune maman :
« C’était surréaliste, je me demandais pourquoi la sage-femme qui était passée chez nous n’avait pas averti là-dessus. On était complètement déboussolés, je me sentais responsable d’avoir mis en danger ma fille. De retour à la maison, nous avons mis en place la tétée et un complément au biberon. Je devais nourrir ma fille toutes les 2h avec du lait maternel. Pour tenir le rythme qu’on nous avait conseillé, je passais mon temps à tirer mon lait chaque heure. Je ne profitais plus de ma fille, je n’arrivais plus à partager, j’étais de plus en plus fatiguée. »
Un arrêt de l’allaitement culpabilisant
Au bout de 10 jours, Chrystelle se rend compte qu’elle ne produit pas assez de lait et qu’il sera alors impossible d’allaiter exclusivement au sein sa fille. Épuisée, elle décide avec sa conseillère en lactation de stopper son allaitement :
« J’ai culpabilisé, je voyais ça comme un échec. Je me disais que j’étais une mauvaise mère, qu’il fallait que j’y arrive. Pendant 2, 3 semaines, j’ai pleuré beaucoup par rapport à ça. Mais avec du repos, j’ai vu que ma fille allait bien, même beaucoup mieux. Elle devenait souriante, pleurait moins, dormait mieux. On a réalisé que peu importe la façon dont on la nourrissait, ce qu’il lui fallait c’était des parents reposés et disponibles. Peu importe les diktats et les injonctions. »
Un second bébé et une réussite de l’allaitement
Il y a deux mois, Chrystelle donne naissance à Louane. Elle décide de retenter l’expérience de l’allaitement. Elle rencontre quelques complications notamment la première nuit mais va tomber sur une auxiliaire de puériculture qui va lui donner de bons conseils :
« J’étais épuisée, j’ai appelé l’auxiliaire de puériculture pour lui demander comment cela se passait si je voulais arrêter l’allaitement, si la maternité avait du lait, des biberons, etc… Elle a été extraordinaire. Je pense qu’elle a sauvé mon allaitement, car elle s’est posée avec moi, elle m’a dit : « Si vous voulez arrêter d’allaiter, on a des biberons, on vous amène ce qu’il faut, mais vous pouvez juste lui donner un petit biberon qui vous permettra de dormir 2 ou 3 heures, et ensuite vous pouvez reprendre l’allaitement, ce n’est pas pour ça que ça sera un échec ! Et si par la suite vous voulez redonner des biberons, on vous en redonnera. » Elle m’a dit ça avec tellement de zénitude, sans porter de jugement : c’est ce dont j’avais besoin. »
Aujourd’hui, Chrystelle continue son allaitement qui, cette fois, se déroule en harmonie :
« Il y a encore des hauts et des bas, mais ça fonctionne. Peut-être que je continuerai une semaine peut être 6 mois, mais j’y vais avec plus de recul, de lâcher prise. »