« La dépression paternelle est plus fréquente qu’on ne l’imagine »
La maison des Maternelles- 4 min 40 s
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Dr Romain Dugravier est pédopsychiatre, spécialiste du lien d’attachement et directeur du centre de psychopathologie périnatale à l’Institut Paris Brune.
LMDM - Est-ce fréquent pour un papa d’avoir des difficultés à trouver sa place, d’avoir le sentiment de ne pas être à la hauteur et de se sentir dépassé à l’arrivée de son bébé ?
Dr Dugravier : Je pense qu’il faut considérer 2 aspects différents. Tous les parents découvrent ce que c’est de douter, culpabiliser, s’inquiéter de savoir s’ils arrivent à s’ajuster à leur enfant. Après, il y a la question que ces sentiments puissent se prolonger, s’installer, se répéter, que ça devienne difficile à vivre. Et ça, la dépression paternelle, c’est plus fréquent qu’on l’imagine. C’est presque un père sur 10. De plus, tout ce qui est la question des émotions qui nous mettent en difficulté, de ne pas être à la hauteur, d’être débordé, sont difficiles à aller chercher. Cela demande une démarche de la part des pères, mais aussi une démarche de la part des soignants d’aller explorer, car souvent cela s’exprime par des biais un peu atypiques. Chez les pères, cela va plus s’exprimer par des douleurs chroniques, ils vont aller voir leur médecin généraliste, somatiser, être débordé au travail, etc. Ils peuvent avoir du mal à se le formuler.
Est-ce que cela peut avoir un impact sur la relation père-enfant ?
C’est un peu l’idée de l’instinct, maternel ou paternel, comme si les choses étaient déterminées dès le départ. S’interroger sur sa paternité, sur sa relation à son enfant, c’est un processus qui permet de dépasser les difficultés qu’on a pu vivre. Donc quand on fait cette démarche-là, évidemment que cela permettra de dépasser la question. Rien n’est définitif ni déterminé !
La parole des pères sur ce sujet est-elle encore peu libérée ?
Les témoignages comme celui d’Aurèle sont encore rares, mais ils sont très importants. Il y a une question aussi de sensibilisation des professionnels, et aussi de changer un peu les démarches, les façons de pratiquer. Nous, on essaye de monter un groupe pour les pères, en anténatal ou postnatal immédiat. Qu’ils puissent venir parler avec d’autres pères de leur ressenti. Ce n’est pas simple d’arriver à mobiliser les pères dans ces moments-là.
Lorsque le bébé pleure beaucoup et que les parents -pères et mères- se sentent à bout, que faire pour ne pas craquer ?
La première chose à savoir, c’est que les pleurs du bébé sont des tentatives pour communiquer. Une façon de s’adresser aux parents, le seul moyen que bébé a dans un premier temps. Il faut donc essayer de comprendre ce que signifie les pleurs. C’est ce que font tous les parents : douter. Il y a les premiers soins : avoir faim, être changé, fatigué. Quand les pleurs persistent, cela mérite de chercher quelque chose peut-être un peu plus compliqué : la douleur, l’inconfort, etc. Et là, il faut s’appuyer sur des professionnels. Quand ça devient trop dur, on peut aussi s’appuyer sur l’entourage. En parler : dire qu’on se sent débordé.e, qu’on a besoin d’aide.