Parent handicapé : « On est stigmatisé quand on a un désir d'enfant »
La maison des Maternelles- 5 min 19 s
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Depuis plus de 20 ans, Béatrice Idiard-Chamois accompagne les futurs parents en situation de handicap et aide les futures mères à vivre leur grossesse plus sereinement.
LMDM - Est-ce que les professionnels de santé sont globalement formés pour accompagner les futurs parents en situation de handicap aujourd’hui ?
Béatrice Idiard-Chamois : Non, il n’y a aucune formation dans le cursus des gynécologues ou des sages-femmes. Pourtant, en 2013, il y a eu un rapport -le rapport Jacob- qui exigeait que les médecins pendant leurs études puissent être formés sur le handicap. Ca commence mais c’est encore un embryon. Et les sages-femmes ne sont pas formées au handicap pendant leur formation. Je ne veux pas les blâmer, mais c’est vrai que je pense que ça vaudrait le coup d’être formé, cela fera moins peur. Car le handicap fait toujours peur.
Pourquoi y a-t-il une forme de « suspicion » quand une maman ou un papa en situation de handicap décide de faire un bébé ?
C’est tout à fait vrai. C’est lié à notre vulnérabilité. Nous sommes perçus comme des personnes vulnérables, on est classés comme cela par la société -je dis « on » car je suis moi-même en situation de handicap. S’occuper d’un enfant c’est « H24 » et on nous traite comme des incapables, parce que la société nous « assiste ». Je ne trouve pas que la société nous assiste, en dehors d’avoir une carte d’invalidité et des aides, dont on a besoin parce que le monde est fait pour les « valides » et non pour les personnes en situation de handicap. On est tolérés, on n’est pas acceptés. On n’a pas notre place, et on est stigmatisés quand on veut devenir parent ! Il y a la stigmatisation de la part des professionnels de santé mais aussi par les familles, qui vont infantiliser les mères handicapées -notamment- qui ont un projet d’enfant. Dès fois je reçois les futures grands-mères pour les rassurer…
Est-ce qu’un enfant dès son plus jeune âge s’adapte au mode de fonctionnement de leur parent, le comprend et s’autonomise plus vite ?
Un enfant a une sensorialité -chose qu’on perd une fois adulte par rationalité- et du coup, quand l’enfant voit le parent, il est tout à fait capable de s’adapter à son handicap. On n’a pas besoin de lui rabâcher : « maman ne peut pas se déplacer » ; « papa ne voit pas » etc. L’enfant ne voit pas la différence, il va s’adapter. Moi, ma fille savait que je ne pouvais pas courir après elle, que je ne pouvais pas la voir à plus de 10 mètres. Elle s’est adaptée. Mais quand elle voyait mon mari arriver dans le parc : hop, elle courrait à l’autre bout ! C’est ça, l’adaptation. L’enfant ne sait pas ce que c’est que le handicap : ce sont avant tout ses parents.