J’ai été battu par mon père pendant 8 ans
La maison des Maternelles- 14 min 2 s
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En France, chaque année, plus de 50.000 enfants sont victimes de maltraitance et tous les 5 jours, un enfant décède sous les coups infligés par ses parents. Les violences, Mohamed Bouhafsi les a connues jusqu’à l’âge de 8 ans. Aujourd’hui, il témoigne de son enfance dans son livre « Rêver sous les coups » aux éditions Larousse.
Des violences quotidiennes
Mohamed grandit à Paris, près de la Gare du Nord, où ses parents tiennent un café. Originaires d’Algérie, ses parents vivent en France depuis les années 80. Sa mère, en situation irrégulière, travaille alors pour subvenir aux besoins de la famille. Le père, possédant les papiers et propriétaire du bar, ne travaille pas. Le soir en rentrant chez eux, Mohamed et sa mère retrouvent un père violent, souvent ivre. Les violences physiques et psychologiques étaient quasi quotidiennes :
« Mes premiers souvenirs avec mon père c’est les coups. J’ai compris assez rapidement pourquoi je me jetais entre les jambes de mon père, c’était pour protéger ma mère des coups qu’elle subissait. Je voulais sauver ma mère. Les violences physiques étaient plusieurs fois par semaine pour moi, quasi quotidiennes pour ma mère. »
Des violences qui laissent des traces que le jeune garçon cache quotidiennement :
« Un jour, j’allais à la piscine après avoir pris une raclée la veille de la part de mon père, j’avais les côtes tuméfiées, plusieurs bleus sur le bras, j’avais un trou dans la tête. Je voyais ma mère qui mettait beaucoup de fond de teint pour cacher les coups. Et un jour, je me suis dit que j’allais faire la même chose pour le cacher à mes copains et mes copines. Je me suis aspergé de fond de teint pour cacher mes côtes. Quand j’ai plongé dans la piscine, le chlore a enlevé le fond de teint, et j’ai couru mettre un tee-shirt pour cacher les coups. J’avais honte. »
La culpabilité, la peur de voir sa famille exploser et la honte empêchent le jeune garçon de parler de son vécu à une tierce personne.
Une tentative d’enlèvement
Alors que Mohamed a 8 ans, sa sœur alerte leur oncle des violences subies par la famille. L’oncle menace alors le père de Mohamed et ce dernier quitte quelques semaines le domicile familial. Mais un jour, il vient chercher Mohamed à l’école :
« Un jour, en fin de matinée, il vient me chercher à l’école, prétextant un vaccin que je devais faire. C’était étrange, mais je l’ai suivi. On croise une amie de ma mère qui me voit entrer dans une grande voiture style van. Il m’annonce que nous partons pour Marseille et que ma mère nous rejoint le soir même. Sur la route, il est gentil, formidable, on écoute de la musique, on mange des bonbons. J’imagine que cette voiture c’est la Batmobile. En arrivant à Marseille le soir, il me dit que maman a eu un empêchement et nous retrouvera le lendemain matin. Le lendemain, j‘apprends qu’on embarque pour l’Algérie et « qu’elle nous y retrouvera ». Je comprends alors que c’est fini, je suis tombé dans un piège, que je suis en danger. Pendant 8 ans, ma mère m’avait dit ce que je devais faire si cela arrivait, si j’étais en danger, trouver la police. Avant d’embarquer, on voit la police, je n’ai pas la force de crier mais les policiers nous arrêtent. Ma mère avait donné l’alerte, la voisine qu’on avait croisée la veille m’avait sauvé la vie. »
Suite à cela, le père de Mohamed quittera définitivement le domicile familial. Mohamed traversa ensuite l’adolescence avec le poids de la culpabilité en lui. Au lycée, il se prend de passion pour le métier de journaliste. Grâce à sa passion et sa détermination, il intègre une école de journalisme et débute sa carrière sur RMC comme journaliste sportif.
Une réapparition 17 ans plus tard
En 2018, lors d’une soirée hors du commun, le père de Mohamed ressurgit dans sa vie :
« Je quittais RMC après une très bonne soirée et je tombe nez à nez avec mon père. Il me dit « C’est une surprise ? » C’était une violence inouïe. Je lui réponds que ce n’est pas une surprise, mais un choc. Je l’ai invité à dîner. Je le laissais parler de sa nouvelle vie avec ses enfants en Algérie. On n’avait rien à se dire pendant 2 heures. J’avais pleins de questions, de la culpabilité, je voulais lui demander : « Pourquoi tu ne m’as jamais aimé ? » Je n’ai pas de rancœur aujourd’hui, quoi qu’il arrive, c’est un lien généalogique. Je suis sorti du dîner en pleurant toutes les larmes de mon corps car je me demandais comment 17 ans après, on ne pouvait pas revenir sur ces violences. »
A noter:
Si vous avez le moindre doute sur un cas de maltraitance, vous pouvez appeler le numéro 119, le numéro gratuit de l’enfance en danger.