Depuis toujours, mon enfant ne mange rien
La maison des Maternelles- 10 min 39 s
- extrait
- tous publics
Du même programme
- La maison des Maternelles La maison des Maternelles La maison des Maternelles à votre service diffusé le 21/11 | 33 min
- La maison des Maternelles La maison des Maternelles Émission du jeudi 21 novembre 2024 diffusé le 21/11 | 22 min
- La maison des Maternelles La maison des Maternelles La maison des Maternelles à votre service diffusé le 20/11 | 33 min
- La maison des Maternelles La maison des Maternelles Émission du mercredi 20 novembre 2024 diffusé le 20/11 | 22 min
Quand les repas tournent au cauchemar
1 enfant sur 4 présente un trouble de l'oralité alimentaire. Il peut s’agir d’un enfant sélectif, qui ne mange qu’un nombre d’aliments restreints, refuse les morceaux, certains aliments ou certaines textures, qui vomit ou a des haut-le-cœur… Et ces troubles peuvent apparaître dès la naissance, comme en témoigne Marie-Capucine :
« Aloïse n’a pas voulu de la tétée de bienvenue. On est passé au biberon mais on n’a pas eu plus de succès. Elle n’avait jamais faim. La seule technique qui fonctionnait, c’était d’endormir Aloïse dans nos bras, de lui enlever la tétine et lui mettre tout de suite le biberon pour qu’elle garde le réflexe de succion. »
En grandissant, Aloïse ne s’alimente pas mieux. Ses parents finissent par lui laisser choisir son menu. Mais même avec des aliments qu’elle aime, les repas restent difficiles :
« Même si le plat lui plaît, les repas d’Aloïse restent longs et compliqués. Elle mange 2 cuillères et elle s’arrête. Manger pour elle ce n’est pas un plaisir. On nous a dit qu’on ne savait pas faire, que c’était des caprices, qu’un enfant ne se laissait pas mourir de faim. Une fois on lui a dit : « si tu ne manges pas ton repas de midi, tu l’auras au goûter, etc » Ça a duré 3 jours, elle n’avait que 2 ans et demi, en tenant juste avec son biberon du matin. C’est nous qui avons craqué car elle maigrissait à vue d’oeil. »
Un trouble peu connu des professionnels de santé
Le trouble de l'oralité alimentaire est un trouble encore peu connu, les parents sont souvent confrontés à une véritable errance diagnostique. Malheureusement, pendant cette recherche, les problèmes s'aggravent, la tension et la fatigue s'accumulent... parfois même certains professionnels culpabilisent les parents :
« Notre pédiatre considérait que je ne devais pas m’inquiéter car un enfant ne se laisse pas mourir de faim… Nous sommes aller consulter des psys, puis un ostéo, un kinésiologue et un hypnothérapeute… Rien n’a fonctionné. Pour la majorité des psys, c’était de ma faute par rapport à une histoire personnelle. Je culpabilisais, je l’entendais mais je voulais qu’on me donne des clés, que je n’ai jamais trouvées. »
Marie-Capucine remarque que les troubles de sa fille ne s’arrêtent pas à l’alimentation : certaines odeurs, textures, sensations incommodent énormément la petite Aloïse. C’est finalement une collègue de Marie-Capucine qui, un jour, va lui parler de trouble de l’oralité. Marie-Capucine décide alors de consulter un orthophoniste qui confirme le diagnostic, une délivrance pour la maman comme pour sa fille âgée de 7 ans à l’époque :
« J’étais soulagée. Aloïse aussi. En sortant du rendez-vous, j’étais en larmes elle m’a dit « Je suis pas malade dans ma tête. C’est ma bouche qui est cassée » On s’est dit qu'on allait pouvoir réparer cela, avancer. On a continué l’accompagnement avec l’ortophoniste. »
Une prise en charge adaptée
Pour améliorer les troubles de l’oralité, une rééducation avec un orthophoniste est possible. Ces séances sont personnalisées et individualisées, l’orthophoniste s’adapte à chaque patient :
« Aloïse et son orthophoniste se mettent d’accord sur un aliment sur lequel elles vont travailler. Aloïse le touche, le sent, parfois elle le goûte. Tout est fait de manière très progressive. Ses progrès sont énormes même si elle est toujours très sélective au niveau des aliments. »
Ce travail peut parfois prendre beaucoup de temps : cela dépend de chaque enfant et de chaque aliment… Deux ans après le début de son travail, il est parfois difficile pour Aloïse de rester motivée :
« Aloïse aimerait que ça aille plus vite. Parfois, elle est démoralisée. Alors, on lui montre tous les progrès qu’elle a déjà fait. Le fait d’avoir mis un nom sur ses difficultés, ça lui a permis de se défendre quand elle est embêtée à l’école, d’expliquer à ses camarades qu’elle rêverait elle aussi de manger des burgers ! On est fiers d’elle, elle a fait tellement de progrès. »