« Mon père n’est pas mon géniteur » : quand un secret de famille explose
La maison des Maternelles- 11 min 41 s
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Les manifestations non verbales du secret
Comme le dit le psychiatre Serge Tisseron, les secrets familiaux « suitent » toujours même s’ils sont – par définition – tus. Dès son enfance, Marie souffrait de divers maux sans pouvoir en expliquer la cause : spasmophilie, agoraphobie, mais aussi des TOC (Troubles Obsessionnels Compulsifs). Elle raconte :
« Je rangeais mes peluches dans un ordre bien précis, mon lit devait être à tant de centimètres du mur... Je revenais 25 fois vérifier après la classe que la brosse du tableau était placée au bon endroit. Les TOC me prenaient tout mon temps, m’empêchaient de penser et donc évacuaient les questionnements potentiels ».
À 18 ans, Marie a entamé un combat de 10 ans contre l’anorexie. S’y associait des idées morbides dont elle n’arrivait pas à déterminer la source. Elle n’a relié cet état au secret de famille qu’après sa révélation :
« Tous ces tocs, l’anorexie, et le reste ça rend barge, j’avais l’impression d’être malade tout le temps, j’ai pensé avoir des troubles psys. Je n’en parlais pas à mes parents. Je me disais que j’étais folle. »
Quand le secret éclate
En 2007, Marie donne naissance à une petite fille mais a du mal à tisser le lien avec son bébé. Cela la renvoie à sa propre relation mère-fille et elle se trouve démunie : elle ne voit qu’un grand vide. Devant son désarroi, sa psychothérapeute la pousse à enquêter sur un potentiel secret de famille auprès de sa mère :
« Je me retrouve attablée avec ma mère à lui poser des questions sans savoir ce que je dois demander. Au début, elle nie avoir quelque chose à me dire. Et là d’un coup ça m’est venu, j’ai su, c’est moi qui lui ai dit : « Je ne suis pas la fille de papa » Là, elle n’a pas nié. »
Après un sentiment de libération pendant lequel Marie comprend enfin la source de ses maux, elle se trouve perdue et sans repères. Malgré cette révélation, le secret reste tabou dans la famille, et Marie n’a personne avec qui parler de ses origines inconnues. Face au silence et à l’incompréhension, elle finit par couper les ponts avec sa famille.
Après la révélation, la reconstruction
Afin de retrouver la trace de son père biologique, Marie enquête 5 ans avec pour seules informations un nom et un prénom. La rencontre a enfin lieu, le 29 mars 2013 dans le salon d’un hôtel new-yorkais :
« C’est le souvenir le plus puissant de toute mon histoire. Quand je suis entrée, je n’avais vu qu’une vieille photo de lui et pourtant je l’ai instinctivement reconnu. Je n’ai jamais voulu chercher un nouveau père, mais j’ai bouclé la boucle, et je suis repartie apaisée. Enfin j’avais quelque chose à raconter à ma fille. »
Pour libérer la parole et pouvoir échanger avec d’autres personnes au vécu similaire, Marie a créé le site « Bande de Bâtards » qui compile des portraits d’enfants illégitimes. Elle a également écrit « Le syndrome du bâtard » aux éditions Flammarion. Elle est aujourd’hui maman d’un deuxième enfant, au prénom révélateur :
« Je ne trouvais pas de prénom pour mon fils, jusqu’à ce qu’un prénom me semble évident à ses 3 jours de vie, mais je ne savais pas d’où ça venait. J’ai appris plus tard qu’il s’agissait du 2nd prénom de mon père biologique... que j’ignorais pourtant ! »