J’ai souffert de dépression post-partum
La maison des Maternelles- 11 min 41 s
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Un accouchement par césarienne
Pendant 9 mois, Sophie imagine un accouchement par voie basse, sans péridurale, avec le moins de médicalisation possible en maison de naissance. Mais son bébé se présente par le siège et Sophie doit accoucher en maternité. Là-bas, l’accouchement ne se passe pas comme prévu :
« Ça a été la douche froide, au bout de 14h de contractions, en arrivant à la maternité, on m’a annoncé après une échographie qu’on devait me faire une césarienne car mon bébé était en siège avec la tête en arrière. »
Sophie est sous le choc : la jeune mère, qui s’était préparée à un accouchement physiologique, doit maintenant accepter qu’elle aura une césarienne, quelque chose à laquelle elle ne s’était pas préparée :
« J’étais très préoccupée par ce qu’on allait faire à mon corps. Je voulais que mon conjoint soit présent. Ça allait très vite. J’avais peur, j’ai répété sans cesse « on attend mon mari » À ce moment là, j’étais préoccupée par tellement de considérations qui m’ont éloignées de mon bébé, avec qui je communiquais avant d’arriver à la maternité. »
Sophie reste 5 jours à la maternité alors qu’elle pensait y rester quelques heures. Elle vit difficilement ce séjour, l’immobilisation due à la césarienne, la difficulté à s’occuper de son bébé. Elle ressent un fort sentiment d’échec quand elle pense à son accouchement :
« J’avais l’impression de ne pas avoir vécue la dernière étape de cette grossesse. J’avais vraiment une impression de ne pas avoir réussi. »
Un retour à la maison difficile
Une fois rentrés chez eux, les difficultés continuent pour la jeune mère. Elle laisse alors son conjoint, déjà père de 2 enfants, s’occuper de leur fils. Sophie allaite son fils, mais cela ne suffit pas à renforcer le lien entre eux :
« Je ne me sentais pas sûr de moi. Pour l’allaiter, j’ai eu recours à un tire-lait et je trouvais ça atroce. Dans une pièce, mon conjoint donnait à notre bébé des biberons de lait que j’avais tiré la fois d’avant, et moi dans une autre pièce je tirais mon lait. Je n’avais pas de moment de complicité avec mon bébé, qui peut-être m’aurait permis de tisser plus facilement un lien avec lui. »
Sophie réalise qu’elle ne va vraiment pas bien au bout de 15 jours, lors d’un rendez-vous chez le pédiatre :
« J’ai vu mon conjoint qui portait le bébé, qui répondait aux questions du pédiatre. Je me suis dis que si je disparaissais, ça ne changerait rien. Mon conjoint l’a senti. Il m’a vu m’effacer. J’avais des idées très sombres. »
Du temps pour se reconstruire
Le mal-être de Sophie dure plusieurs mois. Son conjoint la soutient, il s’occupe du bébé, sans rien reprocher à Sophie. Mais une distance s’installe dans le couple, car Sophie a du mal à parler de son mal-être à son conjoint.
La jeune mère ressent des phobies d’impulsion. Une phobie est une « peur morbide, angoisse éprouvée devant certains objets, actes, situations ou idées. » Aux phobies d’impulsion s'ajoutent des craintes envahissantes de passage à l’acte violent, et une lutte compulsive contre ces idées envahissantes. La jeune mère raconte :
« J’avais des idées très noires vis a vis de mon enfant. J’habitais au 6ème étage, et je ressentais très violemment des sensations de vertige lorsque je m’approchais des fenêtres. Je me disais : « ce bébé est si vulnérable, il peut passer par la fenêtre, et je peux en être coupable. Évidemment je n’ai jamais fait le moindre geste. Mais je me sentais vaciller. »
Aujourd’hui, Sophie va mieux. Elle a eu un second enfant, en s’informant, en étant plus vigilante à son état psychique, et en communiquant plus avec son conjoint. Elle souhaite faire passer un message aux mamans qui seraient en souffrance pendant leur postpartum :
« Il n’y a rien à réussir. Quoiqu’on fasse, on est la meilleure mère pour son bébé. Il ne faut pas hésiter à se faire aider, à parler a son conjoint, à un tiers. Demander de l’aide quand on a des idées sombres. »
Sophie est l'auteure de la bande-dessinée "La remplaçante" qui aborde son histoire, sa dépression du post-partum et la difficulté à construire des liens avec son bébé.