J’ai accouché seule à l’arrière d’un taxi
La maison des Maternelles- 15 min 51 s
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Le 2ème bébé : toujours plus pressé ?
Contrairement au 1eraccouchement pour lequel le travail est parfois très long, les équipes soignantes alertent souvent sur la durée du travail pour le 2nd : la mémoire du corps peut entraîner des accouchements plus rapides. Après un 1eraccouchement classique sous péridurale, Juliette s’attendait à devoir partir tôt à la maternité pour ce 2èmebébé :
« Lors de ma dernière visite à la maternité on m’a dit : « Vu comment votre fille est dans les starting-blocks, vous n’aurez pas beaucoup de temps pour venir ! » Je sentais ma fille basse dans le bassin donc pour dédramatiser je faisais des blagues à mon mari, quand je passais dans le salon je disais « réflexe ! » comme si le bébé arrivait entre mes jambes et qu’il devait l’attraper... »
Le 17 décembre au matin –alors que le terme est prévu le 31– Juliette prend un taxi pour la maternité alors que les contractions ont commencé. Son mari doit la rejoindre à la maternité après un rendez-vous professionnel :
« À 9h40, je monte dans le taxi, et je lui précise : « Nous allons bien à l’hôpital, je vais accoucher » car comme je soufflais pendant les contractions je ne voulais pas qu’il s’inquiète. Il n’était pas du tout stressé, on a bavardé. »
Accoucher seule... à l’aveugle !
À 9h50, une autre contraction arrive : Juliette ressent le besoin irrépressible de détacher sa ceinture, de s’allonger sur le dos, et de baisser pantalon et culotte :
« Je bondis du siège. Je me détache et je me dis qu’il faut que je m’auto examine. Je me suis dit tant pis, le taxi va me prendre pour une folle mais je me mets les fesses à l’air. Je n’ai même pas eu le temps de faire un vrai toucher vaginal : j’ai juste mis 2 phalanges, et mes doigts rebondissent sur la poche des eaux. Je me dis pourquoi moi ? J’appelle mon mari, je le préviens que ça ne va pas le faire ! »
Juliette demande au chauffeur de continuer à rouler vers sa maternité quoi qu’il arrive : son mari l’attend et pourra prévenir les équipes de la situation. Elle ferme les yeux pour ne se concentrer que sur ses sensations, alors que la tête du bébé arrive :
« Le passage de la tête c’est vraiment le cercle de feu. Ça me transperce, je me dis que ça ne va jamais passer, que je vais exploser. J’ai compris que j’allais vivre ça seule et je me dis « pousse, il n’y a rien d’autre à faire. J’entendais le taxi crier mais c’était très flou. J’étais concentrée sur la tête de mon bébé. La tête est sortie, et la poche des eaux a explosée. »
N’ayant aucune visibilité sur son bébé, Juliette sent au toucher que la tête est dehors, mais le corps encore dedans :
« Je sens une boule toute mouillée entre mes jambes, je comprends que c'est sa tête. Je ne peux pas tirer sur un si petit cou ! La contraction d’après fait apparaître un petit pli que je reconnais comme étant une aisselle. Je mets mon doigt sous l’aisselle, je la tourne, et je la sors. Et là j’ouvre les yeux pour voir ma fille au-dessus de moi que je viens de sortir de mon propre corps, elle ne crie toujours pas mais elle est bien rose. J’ai su tout de suite qu’elle allait bien. Par contre, on n’était pas arrivées et il fallait la maintenir au chaud, je savais que c’était l’urgence. Le taxi m’a demandé ce qu’il se passait. J’ai dit : « Elle est née monsieur » J’ai demandé l’heure : il était 9h57 ! »
Après avoir maintenu son bébé au chaud sous son manteau le reste du trajet, Juliette arrive enfin à la maternité où elle retrouve son mari et où elle est transférée pour la délivrance du placenta, et où elle se remet doucement de ses émotions avec sa fille Lorelei et son mari. La famille n’a malheureusement pas gardé contact avec le chauffeur de taxi :
« Mon mari l’a revu pour le remercier et le payer quand j’étais à la maternité. Il était sous le choc mais très heureux de ce qui était arrivé. Plus tard, nous avons écrit à la compagnie de taxi pour essayer de le retrouver mais malheureusement nous n’avons pas eu de réponse… »