Grandir orphelin d'un parent
La maison des Maternelles- 5 min 45 s
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LMDM - Le deuil chez un adulte suit un schéma général avec différentes étapes pour pouvoir supporter la perte. Qu’en est-il chez l’enfant ?
Il y a un schéma général dans le deuil chez l’adulte : phase de sidération, voire de déni, besoin de se reconnecter à la personne disparue, prise de conscience de la perte, acceptation : l’autre n’est plus à côté de moi mais en moi, je l’ai intériorisé.
Ce modèle ne peut pas être totalement transposé chez les enfants car avant 5-7 ans, ils ont une compréhension limitée de la mort, notamment de l’irréversibilité de la mort : « Quand elle aura fini d’être morte maman, est-ce qu’elle reviendra ? », « Quand on est mort, on est mort pour la vie ? »d’où l’importance d’en parler pour que l’enfant s’approprie cette idée au fur et à mesure.
Il y a aussi le sentiment qu’il peut agir sur la mort. Les enfants sont dans la pensée magique : « Maman est morte parce que j’ai fait une colère ou parce que je n’ai pas mangé mes haricots verts ». Il faut les rassurer : ils n’y sont pour rien, ils ne peuvent rien faire et ce n’est pas contagieux, ce n’est pas parce que c’est arrivé à maman, que ça va arriver à papa. Il faut vraiment accompagner l’enfant, et le parent qui reste. Ce parent doit être entouré par une team extraordinaire, l’entourer de toutes les forces que l’on peut.
Ma mère est décédée quand j’avais 9 ans et j’ai été élevée par mon père. Il n’a jamais réussi à aimer une autre femme depuis ma mère. Nous avons un lien très fort tous les deux et si je pars de la maison j’aurais l’impression de l’abandonner. Comment faire pour ne pas se sentir coupable de l’abandonner quand je sors le soir ou le jour où je quitterais la maison ?
On n’abandonne pas ses parents quand on quitte la maison. C’est le sens de la vie. J’ai en tête cette phrase : « on ne peut offrir que 2 choses à ses enfants : des racines et des ailes » S’envoler le moment venu, c’est le sens de la vie. On sent qu’il y a quelque chose qui n’a pas tout à fait été élaboré autour de la perte, de l’abandon, dans cette histoire. Mais allez-y, vivez votre vie, et votre père il va se prendre en charge. Souvent dans des situations comme celle-ci, les enfants mettent en retrait leur émotion, leur chagrin, pour pouvoir apaiser le parent. Mais ce n’est pas la fonction de l’enfant. Tout ce qu’on peut souhaiter à ces pères et ces mères qui ont perdu leur conjoint.e, c’est de renouer avec la vie. La vie dure un temps donné : il faut qu’elle soit la plus savoureuse possible.
La présence de la mère est souvent considérée comme plus nécessaire que celle du père chez un très jeune enfant. L’enfant orphelin de mère sera-t-il à jamais marqué par ce manque ?
Oui et non. Traditionnellement le premier objet d’attachement, c’est la maman. Le bébé grandit en elle, il a un contact corporel... En l’absence de sa maman, le papa deviendra la figure d’attachement principale, sa nouvelle étoile polaire parce que le bébé en a besoin et qu’il a la souplesse de se saisir de cette autre figure d’attachement.
Avec nos projections d’adultes, on se dit qu’un bébé sans maman c’est violent mais on voit bien que les enfants accueillent beaucoup plus facilement une belle-mère dans leur petite enfance qu’à l’adolescence. Les jeunes enfants ont cette souplesse. Bien sûr, il y aura une douleur, une cicatrice, quelque chose qui va s’inscrire dans son histoire personnelle. Mais il va s’en remettre.