Quand le lien mère-enfant tarde à se créer
La maison des Maternelles- 12 min
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Une grossesse placée sous le signe de l’inquiétude
Lorsqu’Audrey est tombée enceinte de Jules, elle venait d’affronter trois fausses couches, la laissant anxieuse sur l’évolution de cette nouvelle grossesse. Puis, au fur et à mesure des mois, l’embryon s’est accroché mais ce sont de nouvelles angoisses qui ont tourmenté Audrey, l’empêchant de dormir jusqu’à la fin de la grossesse :
« J’avais du mal à gérer le coté non maitrisable de la grossesse. Je me sentais emprisonnée dans un état avec lequel je ne cohabitais pas bien.Il y avait aussi une histoire familiale car ma mère a perdu sa propre mère en couches et n’a pas bien vécu ses accouchements. »
L'accouchement : la rencontre ne se fait pas
Cette peur d’accoucher viscérale ajoutée à des insomnies tout le long de la grossesse ont décidé le gynécologue d’opter pour une césarienne programmée. Si d’un point de vue médical, l’opération s’est bien déroulée, les choses se sont compliquées pour Audrey qui s’attendait à ressentir cette fameuse vague d’amour inconditionnel pour son bébé, souvent évoquée par les jeunes mamans :
« Lorsque mon mari me pose Jules sur la poitrine, je ne ressens rien. Je le vois, je comprends que c’est mon fils mais il n’y a pas de sentiment, pas de coup de foudre, comme si c’était un étranger. D’un coup, j’ai eu une charge qui me tombait sur les épaules et la culpabilité de voir mon mari aux anges. Je masquais d’ailleurs mes émotions pour ne pas gâcher la rencontre entre Jules et mon mari. »
Le retour à la maison
Le retour à la maison n’a pas été synonyme d’apaisement pour Audrey. Elle s’occupait de Jules et répondait à tous ses besoins mais elle agissait davantage en pilote automatique plutôt qu’avec une réelle envie :
« J’étais en schéma de guerre : les 7 biberons étaient prêts en avance. Mon enfant était un inconnu, je ne comprenais pas ce qu’il attendait de moi. Dès que Jules pleurait, je le prenais comme des reproches. »
L'hospitalisation en unité mère-enfant
Un jour, Audrey fait une attaque de panique et demande à son mari de ne pas reprendre le travail comme cela était prévu. Elle lui explique qu’elle ne peut pas rester seule avec Jules, qu’elle craint de lui faire du mal. Son conjoint prend conscience de la gravité de la situation. C’est le lendemain qu’Audrey et Jules vont entrer en unité mère-enfant :
« Pour nous, ça a été réconfortant. On s’est senti pris en charge, moins seuls. Mais en même temps pour moi c’était terriblement angoissant, car je devais être enfermée avec mon fils 24h/24, ce qui était l’objet de toutes mes angoisses. Mais l’équipe a été très bienveillante. Le fait de voir d’autres mamans aussi dans la même situation a été très déculpabilisant. »
Audrey et Jules y sont restés 4 mois, une période où ils se sont apprivoisés et ont pu tisser le lien au fil des activités et des soins. Le retour à la maison est compliqué, car Audrey et son conjoint sont en décalage. Mais le couple en parle, et consulte une thérapeute qui va les aider à réajuster les choses. Finalement, c’est aux 3 ans de Jules qu’Audrey s’est sentie vraiment mère :
« Quand je l’ai vu avec son sac à dos, rentrer en classe, où on lui a retiré la tétine, pleurer etc… j’ai dit à mon mari : « ça y est, je suis maman » J’avais l’impression de ressentir des émotions normales. C’était très fort ! »