J'ai accouché sans savoir que j'étais enceinte
La maison des Maternelles- 10 min 38 s
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Une grossesse invisible
On estime que le déni de grossesse toucherait entre 1500 et 3000 femmes chaque année en France. Ce phénomène n'a rien à voir avec une dissimulation de grossesse, un mensonge ou un secret. À 20 ans, Manon ignorait tout de sa grossesse, très loin de s’imaginer un jour maman :
« Je n’étais plus avec le papa. Je n’avais pas le permis, j’habitais chez mes parents. Je venais de sortir de mon CAP, je profitais. Ce n’était pas du tout dans mes projets. Je travaillais à l’époque dans la restauration. Je n’avais aucun symptôme : j’avais le ventre plat, j’avais mes règles. »
Accoucher le jour où l’on découvre sa grossesse
Le 4 août 2019, la jeune femme finit son service à 3 heures du matin et rentre se coucher. 30 minutes plus tard, elle perd les eaux. Mais elle n’imagine pas une seule seconde être sur le point d’accoucher :
« Je pensais que j’avais un problème aux reins et que je m’étais fait pipi dessus. J’ai attendu jusqu’à 9 heures du matin pour réveiller mes parents. Ma mère m’a emmenée à l’hôpital, et elle m’a dit : "C’est bizarre, tu as quand même beaucoup de symptômes d’une femme enceinte" ! »
À l’hôpital, une sage-femme confirme la grossesse et l’accouchement imminent. Tout le monde s’agite. Manon est sidérée, elle a du mal à réaliser :
« J’étais terrifiée. Je n’avais aucune stabilité dans ma vie. Un médecin est venu pour faire une échographie. Il a été très dur avec moi. Pour lui, ce n’était pas possible que je ne me sois pas rendu compte de la grossesse. C’était horrible. »
Devenir maman après un déni
Malgré la soudaineté de la naissance de Ruben, la jeune femme a pu rentrer pleinement dans son rôle de maman :
« On m’a demandé si je voulais le faire adopter. Je n'ai pas mis plus de 3 secondes à me dire que ce n’était pas possible. Après, je me suis beaucoup inquiétée, pour lui, pour moi. Je n’avais jamais eu de préparation à l'accouchement. Heureusement, j’ai pu avoir la péridurale, et les sages-femmes ont été géniales. Dès qu’il est né, j’ai voulu le prendre dans mes bras, je ne voulais plus le lâcher. Comme si je voulais rattraper ces 9 mois pendant lesquels je l’avais ignoré et où je n’avais pas pu le protéger. »
Manon a pu être soutenue par le papa :
« Dès que je l’ai appris, je l’ai appelé. Il est venu le plus vite qu’il a pu. Il est présent pour son fils. C’est un très bon papa !»
Derrière chaque déni de grossesse, il y a une histoire personnelle, intime, et un travail de rattrapage maternel, de reconstruction. Pour Manon, le plus difficile reste, encore aujourd'hui, de se réconcilier avec son corps :
« C’est très compliqué avec mon corps. Souvent on me demande « alors, le deuxième ? » car j’ai refait ma vie et je suis en couple. Mais je ne peux pas, j’ai l’impression de ne plus rien avoir dans mon corps. Aux femmes à qui ça arrive, je dis qu’il ne faut pas s’en vouloir, on n’est pas « folles », comme beaucoup m’ont dit ! Je suis quand même brisée de l’intérieur, j’aurai du mal à revivre une grossesse, il faut du temps. »