J’ai allaité mon bébé sans avoir été enceinte
La maison des Maternelles- 9 min 44 s
- extrait
- tous publics
Du même programme
- La maison des Maternelles La maison des Maternelles La maison des Maternelles à votre service diffusé le 21/11 | 33 min
- La maison des Maternelles La maison des Maternelles Émission du jeudi 21 novembre 2024 diffusé le 21/11 | 22 min
- La maison des Maternelles La maison des Maternelles La maison des Maternelles à votre service diffusé le 20/11 | 33 min
- La maison des Maternelles La maison des Maternelles Émission du mercredi 20 novembre 2024 diffusé le 20/11 | 22 min
Une pratique peu connue
Mona et sa compagne Katrin entament un projet de PMA à Berlin en 2018, et très vite Katrin tombe enceinte. Mona, qui s’était toujours imaginée maman, enceinte, allaitante, se pose des questions sur sa place en tant que co-parent. Elle commence à nourrir l’idée de pouvoir allaiter leur bébé. C’est lors d’un cours de préparation à l’accouchement que les choses vont se débloquer :
« J’avais une vague idée, mais j’en savais très peu. J’ai commencé à en parler et je me suis rendue compte que c’était très tabou comme sujet. Ce n’est que quand Katrin était enceinte de 7 mois et demi que j’en ai parlé à une séance de préparation à l’accouchement, et là je suis tombée sur une super sage-femme qui a dit "Bien sûr, il faut faire ça !" Elle nous a trouvé la spécialiste de la lactation induite en Allemagne, et on a lancé le projet. »
Peu connue en France, la lactation induite est le fait d’allaiter sans avoir été enceinte. Son protocole a été mis en place par le Dr Jack Newman, un pédiatre canadien spécialiste en allaitement. Alliant hormones et médicaments, il met 6 mois à se mettre en place. Mais il existe également un protocole accéléré, comme celui qu’a suivi Mona :
« Je devais prendre un médicament anti-nauséeux tous les jours et stimuler les seins avec un tire-lait plusieurs fois par jour. Quatre jours après, j'avais du lait, ça a fonctionné tout de suite ! »
Une naissance complexe
5 semaines plus tard, Katrin accouche. Malheureusement, rien ne se passe pas comme prévu. Katrin connait des complications et Isaïe vient au monde avec des difficultés respiratoires. Très vite, leur bébé est transféré en réanimation néonatale, puis en soins intensifs :
« La première question qu’on m’a posée quand je suis arrivée en réanimation c’est si j’avais des droits sur cet enfant… J’avais mes seins gorgés de lait, j’étais remplie d’amour, j’avais mon bébé qui était au plus mal, avec un pronostic vital engagé, et je n’étais rien, je n’étais personne. Je suis restée dans le couloir pendant 1 heure. Après, il est revenu dans une couveuse fermée, il allait en soins intensifs. L’infirmière m’a dit « il va très mal, il lui faut du lait, donc il faut pomper ! »
Mona passe la nuit à tirer son lait et à faire des biberons. Mais quand l’équipe médicale comprend qu’elle n’est pas la mère biologique, ils s’opposent à ce que Mona donne son lait :
« La cadre du service nous a dit : "On ne donnera pas le lait d’une étrangère à ce bébé !" C’était le coup de massue ! Le bébé allait très mal, Katrin allait très mal, et moi je n’étais rien ni personne. Je ne pouvais pas faire ce que j’avais prévu de faire pour les aider ! »
Le soutien des sages-femmes
Heureusement, les deux mamans ont pu compter sur le soutien d’une équipe de sages-femmes :
« Face à cette discrimination, nos sages-femmes ont été exceptionnelles, et m’ont fait faire clandestinement une prise de sang pour prouver que je n’étais pas porteuse du sida. Comme Katrin avait très peu de colostrum, on nous a finalement laissé donner mon lait, d’abord par sonde, puis par biberon. L’équipe médicale ne voulait toujours pas que je le mette au sein ! »
Puis, les 2 mamans vont changer de service. Mona peut enfin donner le sein et faire la peau à peau avec son fils. Un moment merveilleux pour la jeune maman :
« C’était génial, c’était un bébé qu’on n’avait pas pu toucher, rien. D’un coup, j’avais un bébé au sein, qui prenait tout de suite, qui a tété pendant des heures… c’était merveilleux ! »
2 mamans allaitantes
Mona pensait être la seule à allaiter Isaïe. Mais finalement, de retour chez elles, les 2 femmes vont décider de vivre cette aventure ensemble :
« Katrin pouvait dormir, je pouvais assurer une grande partie de la nuit. On a trouvé notre rythme très naturellement : qui avait du lait, qui était réveillée, qui en avait envie ? Et lui il était dans son royaume du lait ! »
Mona a allaité son fils jusqu’à 9 mois. Une expérience sur laquelle elle désire libérer la parole :
« Osez, et informez-vous ! Trouver des professionnels qui connaissent le protocole. Il ne faut pas avoir peur des regards des autres. Au départ, ça parait bizarre, mais finalement quand on a le bébé au sein, et que tout va bien, ça met tout le monde d’accord ! »