Délit d'entrave à l'allaitement : 3 questions à la députée qui propose la loi
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LMDM - Pouvez-vous nous expliquer en quelques mots votre proposition de loi ?
Fiona Lazaar : C’est une proposition très courte, précise. Je demande 2 choses : la première, écrire spécifiquement qu’allaiter un enfant n’est pas constitutif d’une exhibition sexuelle. Je sais que ca peut paraitre révoltant d’avoir à l’écrire. Mais ce qu’on constate, c’est que c’est ce qui est reproché aux femmes lorsqu’on leur fait des reproches ou critiques lorsqu’elles allaitent en public. C’est grave, donc je pense que ça doit être inscrit clairement dans la loi.
Le deuxième article crée le délit d’entrave à l’allaitement. Il permettrait de sanctionner de 1500€ d’amende quiconque empêcherait une femme d’allaiter dans un lieu public ou dans un établissement recevant du public. Il y a eu beaucoup de faits divers dans la presse, de femmes insultées, agressées physiquement, d’autres à qui on a demandé de sortir d’un restaurant, d’une salle d’attente parce qu’elles étaient en train d’allaiter. C’est inadmissible : une femme qui fait le choix d’allaiter son enfant doit pouvoir le faire partout, quand son enfant en a besoin. Mon objectif, c’est de dire à ces femmes que la loi est de leur côté ! On constate aussi qu’un certain nombre de femmes arrêtent d’allaiter car elles sont mal à l’aise par les regards qu’elles vont ressentir, contraintes de trouver des stratagèmes, des organisations compliquées au cas où le bébé aurait faim… Des femmes qui sortent moins, ou s’empêchent de sortir. C’est une question de droits des femmes, mais aussi de droits des enfants.
Ce n’est pas une proposition de loi qui veut encourager l’allaitement à tout prix, mais qui veut permettre à une femme qui a choisi l’allaitement de pouvoir le faire quand son enfant en a besoin. Les femmes ont le choix d’allaiter leur enfant au sein ou non. Mais celles qui font le choix d’allaiter doivent pouvoir le faire quand elles veulent, y compris dans l’espace public !
N’est-ce pas aussi par l’éducation que cette problématique se réglera ?
Effectivement, en matière de droits des femmes de toute façon, la question de l’éducation, de la formation, de l’accompagnement des changements des mentalités : c’est essentiel. Il faut renforcer tout cela. Cette proposition de loi, c’est aussi une façon de remettre le sujet sur la table, de rappeler combien c’est un droit de pouvoir allaiter librement.
J’ai reçu il y a quelques jours, un témoignage d’une maman m’expliquant qu’alors qu’elle était en train d’allaiter à la terrasse d’un café, le serveur lui avait demandé d’aller dans les toilettes ou sur une table à l’écart. Rentrant chez elle, très agacée, elle a décidé d’appeler le responsable du restaurant pour lui faire part de la situation. Il lui a répondu très clairement qu’il s’en excusait, que c’était une erreur d’un de ses employés, que ce n’était pas la politique de la maison. Le responsable a ensuite convoqué ses salariés pour les former sur cette question, au cas où cette situation se représenterait. Ce ne sont pas toujours des volontés délibérées de la part de ces personnes : ils ne savent pas, ils sont mal à l’aise, ils ont envie de bien faire mais il y a un manque de connaissance du sujet. Donc oui, la formation et la sensibilisation est très importante, et doivent être fait à tous les étages ! Le tabou autour de cette question doit cesser. Il faut alerter l’opinion public, aussi que pour les jeunes générations changent de regard.
Une telle loi a-t-elle des chances d’être votée, selon vous ?
L’agenda parlementaire est très chargé prochainement, nous avons beaucoup de textes à venir. Ça n’empêche que si la discussion venait à être mise à l’ordre du jour, j’ai très peu de doute sur le fait qu’il n’y ait pas de consensus. Quand bien même, on voit bien que certaines personnes peuvent regarder le sujet avec un peu de mépris, demander s’il n’y avait pas d’autres sujets plus importants… Bien sûr, il y a beaucoup de sujets à traiter dans notre pays, mais celui-ci est un sujet important ! Je crois qu’il y a une véritable attente des jeunes parents, qui ont besoin que la loi dise clairement qu’elle est du côté des femmes, des enfants, et que l’allaitement doit être possible partout.