La construction du lien maman-bébé
La maison des Maternelles- 28 min 9 s
- extrait
- tous publics
Du même programme
- La maison des Maternelles La maison des Maternelles La maison des Maternelles à votre service diffusé le 21/11 | 33 min
- La maison des Maternelles La maison des Maternelles Émission du jeudi 21 novembre 2024 diffusé le 21/11 | 22 min
- La maison des Maternelles La maison des Maternelles La maison des Maternelles à votre service diffusé le 20/11 | 33 min
- La maison des Maternelles La maison des Maternelles Émission du mercredi 20 novembre 2024 diffusé le 20/11 | 22 min
LMDM - Est-ce que l’on a tendance à un peu trop idéaliser le moment de la rencontre avec son bébé ?
Léa Karpel - C’est vrai que si cette rencontre a été très idéalisée, avec un bébé qu’on a attendu longtemps et qu’à l’arrivée, il n’y a pas cette joie attendue, la maman peut beaucoup culpabiliser et se dire : « Toi qui l’as tant désiré, qu’est-ce qui t’arrives ? » On s’imagine toujours que les bébés sont conçus dans l’amour, que la grossesse est un plaisir… mais c’est beaucoup plus complexe que cela. Il y a souvent de l’ambivalence. Et l’ambivalence est difficile à dire.
Ne pas ressentir d’emblée un amour fou pour son bébé, ça arrive souvent ? Comment peut-on l’expliquer ?
Oui ça arrive ! Cela va dépendre du contexte, des conditions d’accouchement… Parfois l’arrivée d’un bébé est davantage vécue comme le soulagement d’une souffrance. Dans le cas d’un accouchement sous anesthésie générale, il peut y avoir des fantasmes d’échange de bébé… Mais ça va aussi dépendre de l’histoire personnelle de la maman : comment elle-même a été accueillie par sa propre mère, quelle relation elle a avec elle… Plus on s’aime soi-même (au sens du narcissisme), plus on peut aimer son bébé. Si ce qui sort de soi n’est pas aimable, c’est qu’il y a une partie de soi que l’on déteste.
On parle souvent de l’importance de l’accueil du nouveau-né, du peau à peau, de la tétée d’accueil… Pourquoi ? Et que faire quand ce n’est pas possible ?
On a quelque chose de mammifère en nous. La maman a besoin de son bébé, de son odeur, de le coller à elle pour qu’elle le fasse sien. Les sages-femmes ont un rôle fondamental dans la présentation du bébé. C’est à elles de s’assurer que la maman a bien eu le temps de le voir, de l’embrasser, de lui sourire. Quand ce rituel ne peut pas avoir lieu, quand il y a une séparation mère/bébé à la naissance, c’est toujours délétère pour le lien. Plus le temps de séparation sera long, plus ce sera difficile de les raccrocher. Aujourd’hui, beaucoup de maternités ont réaménagé leur service pour éviter cette séparation. Le bloc et la salle de réveil se situent au même étage que les salles d’accouchement. La néonat est à l’intérieur du service des suites de couche. Il y a des unités kangourou...
Êtes-vous d’accord, avec cela : On apprend à devenir mère ? Il n’y a pas d’instinct maternel ?
Oui. Concernant l’instinct maternel je suis dubitative... Ce n’est pas évident, cela se construit. Mais je crois surtout qu’il faut différencier l’attachement, l’amour et le devenir mère, la fonction. Certaines mères adorent leur bébé mais ont du mal à s’en occuper. D’autres ont les gestes parfaits mais sans attachement.
Si le lien tarde trop à venir, vers qui doit-on se tourner ?
Il y a les unités mère-bébé qui peuvent beaucoup aider la maman soit en hospitalisation soit en unité de jour. Il faut mettre la maman dans le bain. Le bébé va s’en accommoder et le peu qu’elle pourra lui donner, il va s’en servir. Et au fur et à mesure, ils vont s’accorder. Si on ne lui laisse pas cette chance, ça va être difficile à rattraper, la dépression va augmenter ainsi que son sentiment d’incapacité.