La bipolarité et la schizophrénie chez les ados
La maison des Maternelles- 4 min 18 s
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Pourquoi en France refuse-t-on d’inclure la cyclothymie dans les troubles bipolaires ? N’est-ce pas l’enjeu du débat sur le diagnostic précoce du trouble bipolaire ?
Professeur Bruno Falissard - Il y a deux choses différentes : il y a le diagnostic précoce du trouble bipolaire, les données là-dessus de la science ne sont pas claires. On ne peut pas faire un diagnostic, car les symptômes chez l’enfant sont difficiles à trouver. Il y a des recherches en ce sens et c’est une très bonne question. La cyclothymie pendant un moment était associée à la personnalité. Il y a tout un tas de catégories différentes. Dans le langage courant, cela veut dire avoir des hauts et des bas dans ses émotions.
Ensuite, d’un pays à l’autre nous ne sommes pas d’accord sur cette question. Car il y a des enfants qui ont des hauts et de bas. Et il y a des adolescents un peu excités ou raplapla, ce qui est normal. Donc d’un côté on va se dire que c’est normal car c’est un adolescent et on va passer à côté du patient. Et d’un autre dès que l’on voit que ça bouge on va se dire que c’est un patient psychiatrique, on va alors lui donner des médicaments et ce n’est pas l’idéal non plus. Tout le problème c’est où on met le curseur. Et aujourd’hui on n’est pas d’accord en fonction des pays. Aux États-Unis ils donnent beaucoup de médicaments. En France beaucoup moins. Je pense que l’on a tort les uns et les autres et qu’il faut faire plus d’études pour trouver à qui il faut poser un diagnostic en vue de mettre un traitement.
Qu’il s’agisse de bipolarité ou de schizophrénie, le trouble peut-il s’aggraver à l’âge adulte ?
Oui il y a un risque d’aggravation, mais pas tout le temps. Cela dépend des cas, il y a des formes de schizophrénie aigüe, avec des excès délirants qui sont sans lendemain. Mais ce n’est pas toujours une maladie qui va durer toute la vie. Cependant, il faut s’y préparer.
Que pensez-vous de la gestion des troubles psychiatriques en France ?
Dans ce domaine, je séparerai l’adulte et l’enfant. La psychiatrie adulte en France est en difficulté par rapport à la recherche contre le cancer ou le VIH. Pourquoi ? Parce que cela n’est pas très intéressant politiquement. On va mettre peu d’argent pour la maladie mentale. Mais globalement, elle est mieux gérée et mieux comprise. Mais chez l’enfant et l’adolescent, ça ne va pas du tout ! Le nombre de pédopsychiatres a été divisé par 2 en 10 ans et la moyenne d’âge est de plus de 60 ans ! C’est très alarmant.
Mon fils a été diagnostiqué bipolaire à 16 ans. À quelles difficultés sont confrontés les adolescents dont le trouble a été repéré ?
La première chose c’est que c’est un véritable choc pour l’adolescent qui se construit et devient un humain autonome. À cet âge-là on se sent fort et là un truc nous tombe sur la tête et chamboule tout. Il faut apprivoiser la maladie, apprendre à la connaître, voir son médecin régulièrement. Il faut apprendre à gérer ce que c’est une maladie chronique, apprendre à gérer le regard des autres. On est devenu différent !