Née sans utérus, j’ai pu donner naissance à ma fille après une greffe
La maison des Maternelles- 11 min 2 s
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Quand elle raconte son histoire, Déborah arbore un grand sourire. Et pour cause. Cette jeune femme, aujourd’hui mère comblée, ne pensait jamais pouvoir être enceinte un jour :
« J’ai découvert à 17 ans que j’étais porteuse du syndrome MRKH (absence congénitale totale ou partielle de vagin et d'utérus, mais avec des trompes et des ovaires normaux, NDLR). Je suis née sans utérus. Ça a été extrêmement difficile à accepter. C’est l’âge où l’on sort de l’adolescence pour se construire en tant que femme et l’on découvre qu’on ne pourra pas être maman. J’ai été accompagnée pour accepter ce syndrome, et aller de l’avant. »
Heureusement, Déborah est épaulée par sa famille :
« Mon père a entrepris des recherches sur ce syndrome. Il est tombé sur un essai clinique suédois, qui à l’époque faisait des essais sur les souris qui était concluants. Mon père m’a rassuré, en me disant que peut être dans quelques années, l’avancée médicale me permettrait d’avoir des solutions pour moi. A ce moment-là, ma mère m’a dit qu’elle serait prête à me donner son utérus. »
Les années passent. Déborah reprend les recherches et entend parler des avancées en matière de greffe utérine, notamment en Suède, mais pas que. À Limoges et à Suresnes, des protocoles existent. Elle décide de contacter l’équipe du professeur Ayoubi à l’hôpital Foch de Suresnes. L’équipe vient d’obtenir les autorisations pour mettre en place le protocole. Déborah raconte :
« Nous nous sommes d’abord parlé au téléphone avec l’équipe du professeur Ayoubi, avant que je monte les voir. Ils m’ont posé beaucoup de questions pour être sûrs de ne pas nous faire venir pour rien. Ça s’avérait plutôt positif pour pouvoir rentrer dans le protocole. Alors, j’ai réitéré ma demande à ma mère, savoir si ça proposition tenait toujours, et c’était le cas ! »
Déborah accompagnée de sa mère, Brigitte, la donneuse, son conjoint et son père.
La greffe a lieu en mars 2019. Tout se passe bien. Puis, 1 an plus tard, le couple fait un premier transfert embryonnaire, qui fonctionnera dès le premier essai. Déborah raconte son étonnement :
« On s’était évidemment préparés à ce que ça ne fonctionne pas. Parfois il faut 2, 3 essais… On a eu cette chance, que le transfert embryonnaire se réalise tout de suite. Ce petit embryon s’est accroché ! »
Déborah se souvient alors de l'émotion ressentie en apprennant sa grossesse :
« Une fois qu’on a su que j’étais enceinte, c’était magique. Rien que de pouvoir prononcer le mot « enceinte ». C’était une chose dont j’avais fait le deuil. C’était incroyable de pouvoir le sortir de ma bouche. »
Déborah est suivie par le professeur Ayoubi et son équipe durant toute la grossesse. Elle raconte les liens extraordinaires qui se sont crées entre elle et l’équipe :
« Ce sont plus que des médecins. On a été dans ce protocole ensemble pendant 2 ans. C’est presque comme une famille. On a vécu des choses émotionnellement tous ensemble très intenses. Ces chercheurs, ces médecins qui ont tout donné pour me permettre de vivre ça, c’est incroyable. Ils compteront pour nous, ils ont une place dans notre cœur. »
Son accouchement est programmé par césarienne à l’hôpital Foch, avec la même équipe que lors de sa greffe :
« J’ai accouché le 12 février. Ça s’est passé très sereinement. Tout s’est bien passé malgré le stress que peut engendrer une césarienne. Tout était calme, paisible. Il n’y avait pas de brouhaha malgré le monde présent. C’était le calme avant l’éclatement de joie une fois que je suis allée en salle de réveil et qu’on m’a apporté Misha. Nous avons laissé parler nos émotions à ce moment-là. »
Aujourd'hui maman comblée d'une petite fille de bientôt 3 mois, Déborah explique qu'elle n'a pas seulement fait ce protocole pour elle, mais aussi pour faire avancer la recherche, et pour donner espoir aux jeunes filles qui souffriraient du même syndrome qu'elle :
« Lorsque je me suis lancée dans ce protocole, je l’ai fait car ça me donnait une lueur d’espoir, bien sûr. J’ai décidé aussi de le faire pour faire avancer la médecine, faire avancer le recueil de données sur le MRKH, et sur les possibilités de procréation grâce à ce protocole. À chaque étape, je savais que tout pouvait s’arrêter, mais je me disais que je ne l’avais pas fait que pour moi. Bien sûr, on attendait ce bébé qui pouvait, par miracle, arriver. Mais je le faisais pour les autres aussi. Pour qu’un jour, on dise à une jeune fille qui découvre le même syndrome que moi, qu’il y a des solutions. »
Déborah et sa fille Misha