« Notre société véhicule l’idée que l’hypersensible est une victime »

La maison des Maternelles

Un sixième sens Docteur Frédéric Kochman est pédopsychiatre à la clinique Lautréamont, un centre psychiatrique spécialisé dans le diagnostic et le traitement des affections psychiques de l’adolescent et du jeune adulte, âgés de 8 à 25 ans. Il explique comment définir un enfant hypersensible : « Si on devait définir l’enfant hypersensible, je dirais que ce sont des hyper-récepteurs et émetteurs d’émotions. Ils sont à la fois émetteurs, on voit tout de suite les émotions chez eux. Il y a une hyper empathie, ils vont tout de suite reconnaitre les émotions chez l’autre. Ils vont dire « Maman, tu es triste ce matin, pourquoi ? » ; La maman va se demander comment son enfant de 3 ans peut savoir ça… Mais pour lui, c’est naturel, il a comme un sixième sens. » Une image péjorative  Alors que l’hypersensibilité pourrait être vue comme un « super pouvoir », elle est malheureusement trop souvent dénigrée dans la culture et dans notre société., raconte le Dr Kochman : « L’enfant hypersensible a un sixième sens et va repérer plein de choses qu’un être humain « normal » ne reconnait pas. Mais ça peut devenir assez vite un problème. Regardez par exemple dans les films hollywoodiens, qui est le héros ? C’est Bruce Willis, qui se prend des bombes sur la tête, sans qu’un cheveu ne bouge. En revanche, la victime, c’est un.e hypersensible, qu’on va voir avec ses grands yeux transis, ses tremblements etc… L’hypersensible va s’identifier à la victime. Notre société véhicule cette idée que l’hypersensible est une victime. Et quand on est quelqu’un de bien, un héros, on ne moufte pas. Et ça c’est terrible. Alors que l’hypersensible a des pouvoirs magiques. C’est le leader de la société, si la société ne le casse pas avant. » Une intelligence développée Les enfants hypersensibles ont aussi une intelligence particulièrement développée. Logique, explique le Docteur Kochman, car sensibilité et intelligence sont bien souvent liées : « Ce sont très souvent des gens très intelligents. Car qu’est-ce qui développe notre intelligence, dès l’enfance ? Ce sont les émotions, les passions. C’est parce qu’on est passionné.e par quelque chose qu’on va développer des connaissances sur tel ou tel sujet. Ce sont donc des jeunes qui vont développer des passions, quelques fois tournantes, et créer des connexions neuronales incroyables. Il y a des liens très étroit entre haut potentiel et hypersensible. »