« L’expression abdominale est une forme dégradée d’accouchement d’urgence »
La maison des Maternelles- 6 min 53 s
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LMDM- Qu’est-ce qu’une expression abdominale, en terme purement médical ?
Professeur Israël Nisand - L’expression abdominale consiste à augmenter la pression dans l’utérus pour accélérer la naissance. Elle est interdite par le Collège national des gynécologues-obstétriciens (CNGOF) depuis fort longtemps et à plusieurs reprises, c’est ce qu’on appelle « une forme dégradée d’accouchement d’urgence ». Les formes normales que l’on utilise lorsque le bébé va mal et qu’on est pressé de le voir sortir parce qu’il manque d’oxygène c’est :
Ces deux formes valent mieux que l’expression abdominale qui elle est théoriquement interdite.
Même si l’expression abdominale est interdite en France depuis 2007, savez-vous à quelle fréquence elle est encore pratiquée ?
Il n’y a pas de statistiques sur le nombre d’expressions abdominales qui ont lieues. Mais ce qu’il faut savoir c’est que c’est une forme d’accouchement dégradé, c’est-à-dire que l’on peut être dans une situation où il faut à tout prix que le bébé sorte rapidement et où il n’y a personne de disponible pour faire un forceps, une extraction par ventouse ou une césarienne et où l’expression abdominale est une solution pour ne pas que l’enfant meure.
Aucun pilote d’avion ne maîtrise d’atterrir sans les roues. Ce n’est pas prévu. En revanche il est important qu’un pilote sache le faire pour le cas où ça serait nécessaire. Il en va de même pour l’accouchement. Oui l’expression abdominale est encore enseignée dans les écoles de sages-femmes et chez les obstétriciens. Elle est enseignée en disant qu’elle doit être absolument évitée. Mais il y a des circonstances où dans la panique, cela peut être pratiqué.
Pouvez-vous nous faire un point sur l’évolution du sujet des violences obstétricales sur le terrain ?
Le terme de « violences » laisse entendre, comme pour « les violences conjugales » que c’est délibéré. Je suis presque sûr qu’il n’y a aucun obstétricien et aucune sage-femme qui pratique des violences en le sachant et de manière délibérée. Je préfère donc parler de « maltraitances ». Parce que la maltraitance n’est pas délibérée. Personne n’a l’intention de faire du mal aux femmes. L’énorme majorité des gynécologues-obstétriciens passent leur vie à essayer de faire en sorte que cela se passe le mieux possible pour les femmes, dans les meilleures conditions.
J’ai l’impression que les choses s’améliorent. Mais nous ne sommes pas aidés par le gouvernement qui s’est contenté de nous critiquer. Par exemple pour le label bientraitance (NDLR : label lancé en 2019 par le CNGOF. Pour qu’une maternité l’obtienne, il faut qu’elle réponde à 12 exigences), nous sommes seuls, nous le CNGOF, pour le diffuser dans les maternités et mesurer la capacité des maternités à améliorer leur bientraitance.
Est-ce qu’un travail sur la bientraitance a pu être effectué malgré le contexte sanitaire ou est-ce que les progrès entrepris ont été mis entre parenthèse du fait du contexte compliqué ?
Tout a été mis en suspend dans l’année Covid. Il y a des maternités où il y a eu énormément de sages-femmes contaminées et où l’on se demandait si l’on allait pouvoir continuer à y faire des accouchements. Donc nous avons fait de nombreuses recommandations pour savoir si le coparent pouvait venir en salle d’accouchement et s’il pouvait rester dans la maternité. Ça a été très compliqué et on s’est préoccupé d’améliorer autre chose que la bientraitance : on s’est préoccupé de faire en sorte que les maternités puissent continuer à faire des accouchements.
Aujourd’hui on est un peu en train de sortir la tête de l’eau et à veiller à nouveau à ce que cette bientraitance puisse être améliorée. Mais l’année Covid a été terrible pour tout le monde et pour les femmes bien plus encore. Parce qu’en plus de l’angoisse de l’infection, elles avaient l’angoisse d’aller à l’accouchement, parfois dans certains endroits sans le coparent. C’était terrible pour les femmes de vivre ça.