« Pas d’écran seul avant 3 ans ! »
La maison des Maternelles- 6 min 59 s
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LMDM – Vous affirmez que certaines informations concernant les enfants et les écrans sont relayées à tort, pouvez-vous nous dire lesquelles ?
Nicolas Poirel – Il y a des constats scientifiques qui sont soit mal interprétés soit des résultats qui sont partiels. Par exemple croire qu’il est prouvé que la télévision, les écrans et les jeux vidéo sont mauvais pour l’enfant. Car lorsqu’on les utilise bien ils ne sont pas dangereux et peuvent même devenir des alliés. On a par exemple entendu parler de l’impact de la télévision sur le vocabulaire maîtrisé par les enfants. En fait tout dépend du contenu qu’il va regarder. Vous pouvez avoir 10 mots de vocabulaire en moins chez un enfant qui va regarder les Télétubbies, mais en revanche l’enfant va gagner 13 mots de vocabulaire en regardant Dora l’exploratrice. À 2 ans et demi, 3 ans, l’enfant maîtrise une centaine de mots.
Concernant la télévision le matin, on a une étude très sérieuse qui est sortie il y a maintenant 2 ans. Elle indiquait qu’il ne fallait pas mettre les enfants devant la télévision le matin avant d’aller à l’école. Mais cette même étude indiquait que concernant ces enfants qui avaient des troubles du langage, il fallait juste discuter avec eux du contenu de ce qu’il regarde pour désamorcer l’effet de la télévision le matin. On a en fait focalisé sur le fait qu’il ne faut pas regarder la télé le matin alors qu’il y a plein d’autres facteurs qui jouent comme regarder la télé le midi, le soir, le week-end, pendant les vacances, utiliser un smartphone… Donc en gros plutôt que de dire :« Ne regardez pas la télé le matin ! », le levier qui aurait été plus intéressant, ça aurait été : « Discutez avec vos enfants de ce qu’ils regardent. »
Concernant les jeux vidéo, de nombreuses personnes vont vous indiquer par exemple que le faut de ne jouer qu’à Super Mario ne vous rendra bon qu’à Super Mario. C’est scientifiquement faux. Car on sait que les jeux d’action, les jeux d’adresse ont des effets sur l’attention visuelle des enfants et cela peut parfois les aider à être dans l’apprentissage des fondamentaux aussi.
Regarder un dessin-animé en famille, ou jouer aux jeux vidéo peut aussi devenir un moment de partage entre les enfants et les parents ?
Effectivement. On va participer à l’activité de l’enfant que ce soit devant un écran ou devant une autre activité. Le fait d’être avec son enfant et de le faire avec lui, ça va apporter du positif.
Quel est votre ressenti sur le fameux dicton : « Pas d’écran avant 3 ans » ?
Il n’y a pas d’apprentissage avant 3 ans en lien avec la télévision. C’est-à-dire que l’enfant placé devant une télévision n’apprendra rien. Il va pouvoir se détendre, ça va l’occuper mais il n’apprendra rien. C’est pour cela que l’on dit : « Pas d’écran avant 3 ans. » Mais en fait c’est : « Pas d’écran seul avant 3 ans. » Si vous regardez 1, 2 ou 3 dessins-animés avec votre enfant il n’y a pas de souci. Vous allez commenter ce qui se passe, vous allez discuter de l’histoire et tout va bien se passer. Mais si vous laissez votre enfant seul quelques minutes, une demi-heure, une heure… devant l’écran, sachez que sincèrement il vaut mieux ça qu’un parent énervé, fatigué. Cela arrive à tout le monde.
Est-ce que le confinement a eu un impact sur le rapport aux écrans ? Les parents ont-ils un peu lâché du lest ?
Les écrans ont beaucoup occupé les adolescents et les adultes pendant le confinement. Mais c’est aussi grâce à ces écrans que l’on a maintenu un lien social à minima tout en assurant la distanciation physique qui était nécessaire. Ils ont permis une continuité pédagogique. On a essayé de sauver les meubles au maximum grâce aux écrans. En revanche les écrans ne remplaceront pas le présentiel. Ils ne le peuvent pas puisque l’on sait qu’un enfant de moins de 6 ans ne va pas apprendre de la même façon via un écran que par rapport à une situation réelle en présentiel. L’ancrage cérébral de l’apprentissage va être beaucoup moins fort quand l’enfant apprend via un écran.