« Chez les jeunes il y a une non-connaissance du corps »
La maison des Maternelles- 3 min 9 s
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LMDMD – Est-ce qu’une grossesse est plus à risque chez une adolescente ?
Professeur Israël Nisand - Du point de vue physiologique, une adolescente peut porter une grossesse sans que ce soit une grossesse à hauts risques en terme de pathologie de grossesse.
En tant que professionnel, le suivi est-il différent ?
Un des grands objectifs de nous tous, les professionnels, face à une grossesse chez l’adolescente c’est de ne pas interrompre la scolarité après l’accouchement. C’est-à-dire que souvent la grossesse est devenue une mauvaise réponse à une bonne question : « Je ne suis pas bien dans mes baskets » ; « Je vais mal » ; « J’ai des mauvais résultats scolaires » ; « Personne ne me respecte »… La jeune fille se dit alors : « Je vais donc devenir une maman comme cela tout le monde me respectera. » C’est alors la catastrophe parce que toutes les publications scientifiques sur le sujet montrent que le sort de l’enfant va être directement proportionnel au niveau de scolarité de sa mère. Il y a donc un enjeu formidable à remettre ces jeunes filles à l’école, et à trouver des moyens de garde et cætera, pour qu’elles puissent continuer à devenir des adultes et non pas qu’elles aient interrompu leur adolescence.
Comment expliquez-vous ce genre de situation ?
Chez les jeunes il y a une non-connaissance du corps et de la pensée magique type : « Moi ça m’arrivera pas » ; « Si j’ai des rapports pendant les règles je ne risque rien » ; « Pour les premiers rapports je ne risque rien » ; « Si le garçon se retire pour éjaculer alors il n’y a aucun risque »…
Toutes ces pensées magiques et cette inconnaissance du corps ne cadrent pas avec l’hyper fertilité des jeunes femmes à ce moment-là. Moment où même un rapport pas tout à fait complet avec une éjaculation à l’extérieur peut donner une grossesse. Donc on a d’un côté des jeunes femmes qui ne le savent pas mais qui sont hyper fertiles, confrontées à des jeunes hommes qui sont aussi hyper fertiles et qui sont extrêmement mal informés des moyens de contraceptions et des moyens de se protéger contre les grossesses.
Quelles seraient les moyens de remédier à cette méconnaissance générale chez les jeunes ?
En appliquant la loi de la France qui prévoit 3, 4 heures d’information sur la vie affective et sexuelle depuis l’âge de 4 ans d’ailleurs. À 4 ans je me respecte moi-même, à 6 ans j’apprends à respecter les autres, et puis à 9, 10 ans je découvre les relations entre les êtres humains, et à 11, 12 ans la manière dont on peut séparer « sexualité » et « reproduction ».
Tout ceci doit être en dialogue permanent d’abord avec des maîtres puis avec des intervenants extérieurs parce que les ados repèrent qui parle et quelle est sa compétence. Et nous n’avons même pas commencer à le faire ! Il y a des endroits en France où grâce au volontariat des infirmières scolaires, des médecins scolaires, des associations, il y a des choses qui sont faites. Mais ce n’est jamais structuré et organisé, et la loi de la France depuis 2001 le prévoit mais on ne l’applique pas.