Comment reconnaitre les signes de violences sexuelles chez les enfants ?
La maison des Maternelles- 9 min 40 s
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Des signes physiques et psychiques
Dr Pfersdorff explique :
« Les pédiatres sont de mieux en mieux formés sur cette question, et heureusement car nous sommes en première ligne. Le pédiatre va examiner l’enfant. Il y a des signes physiques visibles. Il faut être vigilant, et savoir repérer un ensemble de signes. Un enfant qui est constipé par exemple, on ne va pas tout de suite lui donner un traitement laxatif. On va essayer de savoir pourquoi il y a cette constipation. Des fois, ça peut être liée à des violences, physiques ou sexuelles. Cela peut aussi être des problèmes de sommeil, de comportement.
Il y a quelques temps, j’ai eu à mon cabinet une enfant de 4 ans. Au moment de l’examen, elle a mis les mains sur le visage, a serré les coudes et les cuisses. Elle a eu une attitude que l’on appelle inadaptée. Les 2 parents étaient là, et dans le questionnement j’ai été relativement intrusif pour ne pas passer à côté de quelque chose.
On va tendre des mots à l’enfant. Je lance le mot et je regarde aussi les parents. Par exemple, quand je commence à examiner le ventre, les cuisses -on y va doucement, il faut respecter l’enfant- mais une fois qu’on est un peu dans cette zone-là, je lâche à l’enfant : « est-ce que tu as mal au ventre ? est-ce que quelqu’un t’a fait mal au ventre ? ». Je ne touche pas la zone génitale mais je m’en rapproche. On donne des outils à l’enfant, mais l’enfant ne dira rien la plupart du temps. Donc on observe ses attitudes. L’enfant peut vous regarder, regarder un des parents dans l’angoisse, dans la peur de délivrer. Il a peur de dire, peur de remettre en cause l’autorité parentale. »
Gabrielle Arena, psychiatre et responsable d’une consultation spécifique pour auteurs de violence sexuelle, précise les signes psychiques qui doivent poser question :
« Si l’acte vient de se faire, on peut sur le plan psychique avoir des états de sidération, de peur, de prostration, on a même parlé de névrose d’effroi. Ça, c’est plutôt dans ces moments aigus. Mais ce n’est pas ce qui arrive le plus.
Il y a des troubles à expression somatique, les troubles du sommeil, les cauchemars, les retours du pipi au lit, qui a des phobies soudaines, qui ne veut plus aller dans son lit, à l’école, dans son bain, qui a du mal à s’endormir le soir.
Il y a les troubles qui arrivent suite aux actes qui viennent de se passer, donc à court terme, et évidemment des troubles à moyen et long terme.
On va retrouver des troubles du comportement, dans les jeux, la colère, la violence, les jeux sexuels -les petits ont des jeux sexuels c’est très important dans la découverte du corps- mais là on va avoir des enfants qui vont avoir tout d’un coup des comportements sexuels inappropriés pour l’âge, qui vont se masturber toute la journée ou de manière excessive, qui se déshabillent devant les invités, ils vont avoir des comportements qui interrogent : des baisers sur la bouche, sur le sexe, etc. Il y a des jeux : des poupées dans lesquels on enfonce des objets pointus ou que l’on fait jouer de manière érotisée. Et les dessins, ce n’est pas tout de suite, ce sont des enfants qui ont subi plusieurs agressions : des dessins avec des pénis, ou des maisons en forme de pénis, des effractions dans le corps avec des épées qui transpercent, du sang… ce sont des dessins qui orientent. Mais ce que je tiens à dire c’est qu’il n’y a pas 1 signe spécifique dont on peut dire que c’est « le » signe qui définit l’inceste ou l’abus sexuel. C’est un faisceau de signes. C’est très difficile, mais un changement de comportement doit alerter. »
Comment réagir si un enfant nous parle de l’agression sexuelle ou du viol qu’il.elle a subi ?
Tout d’abord, sachez qu’il existe en France une obligation de signalement. Ne pas signaler est un délit sévèrement poursuivi par la loi. L’obligation de signalement est là pour décharger la victime de son secret. La loi vous oblige, si vous avez eu connaissance d’agression sexuelle sur mineur.e, d’aller les porter à la connaissance de l’institution judiciaire.
Concernant l'attitude à avoir si un enfant vous parle des violences qu'il.elle a subies, il est important tout d'abord de recueillir sa parole en étant dans l'écoute, en le félicitant de dire cela, en lui disant "Je te crois", et en lui disant qu'il n'est pas coupable. Dr Gabrielle Arena précise :
« Ce qui est terrible dans l’inceste, c’est que l’agression se fait dans un milieu qui est normalement sécurisant, qui est le milieu qui lui donne tout : la sécurité, l’éducation, l’affection… et le père, frère ou oncle sont des gens aimants normalement -l’enfant aime son parent. Donc c’est quand même très difficile. L’enfant est condamné au silence mais aussi à une forme de culpabilité. Il se dit qu’il y est pour quelque chose, que c’est surement un peu de sa faute. Il se dit qu’il ne peut pas révéler tout ça.
Si on a la possibilité de recueillir la parole de cet enfant, on peut lui dire : qu’il a bien fait de parler, qu’on entend ce qu’il dit, que ce n’est pas de sa faute à lui, que les adultes il y a des choses qu’ils n’ont pas le droit de faire, même si c’est son papa. Et que les adultes et les papas, eux, connaissent la loi, et savent que c’est interdit par la loi et puni par la loi. Ça c’est très important : ce n’est pas l’enfant qui fait une faute mais le parent. Les enfants aiment leurs parents et vice-versa, mais là, avec ton papa, ce n’était pas ça, ce n’était pas de l’amour et de la tendresse : ces gestes-là sont réservés à des grandes personnes. »