"Aucune étude ne prouve un lien entre stress et infertilité"
La maison des Maternelles- 4 min 33 s
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LMDM : Quand avez-vous appris votre infertilité ?
Marie Dubois - À l’âge de 28 ans j’ai commencé à vouloir un enfant avec mon compagnon. On s’attendait tout de suite à avoir une grossesse, qui n’est pas venue. La gynécologue nous a rassuré, me disant que j’étais jeune. Donc nous avons attendu que ça se fasse naturellement. Au bout d’un an, nous sommes retournés voir la gynécologue et le ton a changé : j’avais un problème d’infertilité dont il fallait chercher la cause. Ça a été un choc. Puis, les bilans de fertilité, pas toujours agréables, jusqu’au pronostic : le SOPK, les ovaires polykystiques. Après cela, nous sommes rapidement tombés dans un parcours PMA. Ce sont des rapports sur commande, avec des stimulations hormonales. Ce n’est pas du tout facile pour le couple de faire l’amour à heure fixe.
Vous dénoncez dans votre ouvrage, l’entourage qui conseille « d’arrêter d’y penser » ou « partir en vacances ». Il y a cette idée commune que le stress a un rapport avec l’infertilité ?
Quand on est infertiles, on entend très très souvent ce genre de phrases. Ce sont des phrases qui se veulent bienveillantes, mais qui ont un effet de culpabilisation, on se sent responsable, trop stressée, on se dit qu’on fait un blocage.
Ça m’a interrogé, j’ai donc fait un travail d’enquête et de recherche pour voir d’où venait cette idée reçue que beaucoup de gens ont. C’est là que je me suis rendue compte que ça ne se basait sur absolument rien de scientifique… Toutes les études sont sujettes à controverses. Il y a des scientifiques qui ont regroupé toutes les études qui ont été faites à ce sujet et qui sont arrivés à la conclusion qu’en fait il n’y en avait aucune de réellement probantes. Car la reproduction est quelque chose de très complexe, et mettre un protocole d’étude pour prouver l’impact du stress sur la fertilité, ça n’existe pas encore. Un stress même intense n’est pas stérilisant.
Il y a aussi le mythe de l’adoption miracle qui est très répandu…
Oui, après « le stress c’est dans la tête », on a souvent l’idée du blocage psychologique, avec l’histoire de l’adoption miracle, c’est-à-dire un couple en parcours PMA depuis des années, qui décide finalement d’adopter, et à ce moment-là, magie : la femme tombe enceinte. J’ai été chercher les vérités là-dessus : ça correspond à 3% des couples. Tout ça reste des croyances, qui culpabilisent… surtout les femmes.
Surtout les femmes ?
Je dis les femmes car oui, les hommes sont moins conseillés sur le coté psychologique. On ne va pas dire à un homme « arrête d’y penser » « détend toi » etc. Il y a l’idée que la femme est tellement en proie à ses émotions que cela la dépasse un peu.
On culpabilise déjà en soi. C’est très dur d’être impuissante. La culpabilité est aussi importante par rapport au conjoint. Donc en plus quand on dit « c’est dans ta tête » ça devient des couches en plus de culpabilité.
Pourquoi selon vous cette culpabilisation est dirigée vers les femmes ?
Cette culpabilisation de la société est surtout adressée aux femmes, notamment parce que l’infertilité est liée souvent à l’âge. Les femmes font des enfants de plus en plus tard. Les femmes font aussi ce qu’elles peuvent, elles font des études plus longues, travaillent plus tard, et veulent avoir des carrières équivalentes à celles des hommes. Elles font face à une ségrégation au travail, même si c’est illégal, on leur demande si elles comptent avoir des enfants dans les prochaines années etc… Et souvent après avoir eu un enfant, on constate un recul de leurs carrières. Il faut savoir qu’il y a 1 femme sur 3 qui va repousser -voire renoncer- son projet d’enfant pour ces raisons.
La problématique de l’infertilité des femmes est totalement liée à l’inégalité au travail. La société est basée sur le rythme biologique des hommes qui peuvent avoir des enfants très tardivement sans aucun souci. Il faudrait que la société puisse permettre aux femmes d’avoir des enfants au moment où elles sont les plus fertiles. Mais ça, c’est un gros boulot !
Vous parlez aussi des perturbateurs endocriniens ?
Oui : ils sont à l’origine d’énormément de pathologies, ça a été démontré. Moi je dis que c’est un empoisonnement. Les médecins les pointent du doigt depuis longtemps. Il faut commencer à surveiller son environnement proche et faire le tri, car ils sont partout : lessive, crème, etc…
Un bébé si je peux de Marie Dubois, co-édité par la revue XXI et Massot, 19€.