"Les tentatives de suicide chez les enfants ont doublé en 1 an dans notre service"
La maison des Maternelles- 2 min 47 s
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LDMD - Qu'avez-vous pu observer dans le service où vous travaillez, depuis le début de la crise sanitaire ?
Dr Trebossen - Au premier confinement, ce qu’on a observé comme beaucoup de services hospitaliers, c’est plutôt une baisse de la fréquentation. Et depuis le premier déconfinement, on a plutôt observé une augmentation des consultations des passages aux urgences. Augmentation qui s’est accentuée à la rentrée de septembre 2020, et dans laquelle nous sommes toujours aujourd’hui.
Avez vous déjà des chiffres qui permettraient de quantifier ce phénomène ?
Nous n'avons pas encore de chiffres au niveau national en France. En revanche, on sait, et ce sont des chiffres de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, que le nombre d’hospitalisations en service de pédiatrie pour causes psychiatriques a augmenté de 50%. Il y a un autre chiffre, qui lui concerne spécifiquement notre service. Nous nous sommes plongés dans nos registres, et avons pu constater un doublement, au mois d’octobre, des consultations pour tentatives de suicide par rapport à l’an dernier. Il y a une étude qui vient des USA, du Center of Disease Control and Prevention, qui note une augmentation des troubles psychiatriques chez les enfants allant de 4 à 18 ans de 30%.
Ces nouveaux patients, ce sont des enfants qui n'avaient jamais consulté pour troubles psychiatriques auparavant ?
Il y a à la fois les enfants et adolescents qui étaient déjà suivis pour un trouble psychique, et qui se sont retrouvés avec des prises en charge arrêtées, ou en tout cas qui ont été modifiées, changées en raison de la crise sanitaire. Chez ces enfants et adolescents qui avaient déjà un suivi, on a pu constater une augmentation de l’intensité des symptômes, pour certains en tout cas.
Et puis on a observé un autre cas de figure, là pour le coup chez des enfants qui n’avaient jamais consulté de psychologue ou pédopsychiatre, et qui en raison de la crise sanitaire d’une manière générale et de tout ce que ça engendre, ont consulté pour des symptômes variés, qui sont du registre de l’anxiété ou de la dépression.
À quoi ces troubles sont-ils dus ?
À la fois les inquiétudes qu’on pu avoir les enfants et adolescents pour leur santé ou la santé de leurs proches, mais aussi tous les changements de routine, les changements du quotidien que cela a impliqué, et la perte du quotidien avec le confinement, le déconfinement, le reconfinement… Ça, ça a été un facteur de stress important. La crise économique, qui est aussi à venir, est une vraie source d’inquiétude chez les enfants et adolescents. Et un autre facteur qui a probablement participé, c’est l’augmentation des violences intrafamiliales, avec un nombre d’appel au numéro vert 119 qui a largement augmenté pendant cette période.
Quels troubles sont observés chez ces enfants ?
Les symptômes sont divers et variés. Principalement ce qu’on voit ce sont des changements de comportements : des enfants qui font plus de colères, qui vont plus s’opposer, qui vont être plus adhésifs, collants avec leurs parents, des troubles de l’alimentation ou du sommeil, de l'irritabilité, des manifestations franches de tristesse.
Quels signes doivent inquiéter les parents ?
Déjà, le parent est celui qui connait le mieux son enfant, donc c’est le meilleur expert pour repérer un problème. Tout changement inhabituel et qui persiste, doit faire questionner les parents. Un enfant qui va faire plus de colère, qui va manifester de la violence alors que ce n’était pas le cas avant, par exemple, doit faire questionner le parent qui connaît très bien son enfant, et pourquoi pas questionner le médecin généraliste ou pédiatre qui suit l’enfant. Sachez aussi que nous avons fait, pendant le confinement, un site avec des fiches pratiques à destination des parents pour les aider à faire face aux situations qui peuvent les inquiéter.
Considérez-vous avoir les moyens nécessaires pour faire face à cette crise ?
On manque de solution d’aval. Il y a trop peu de lit d’hospitalisation à Paris et en Île de France. Il y a un délai pour des consultations en CMP (centre médico-psychologique) qui est très élevé en pédopsychiatrie, qui peut aller de 3 a 18 mois d’attente. Donc dans une situation de crise et d’urgence, ça ne permet pas de répondre aux besoins.
A noter:
Le 11 Janvier sur France 4 à 10h, retrouvez La Maison Des Parents avec une émission consacrée aux impacts psychologiques du Covid sur les enfants et adolescents.