Sept ans à la rue avec trois enfants
La maison des Maternelles- 20 min 55 s
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En janvier 2010, Julien et Caty accueillent leur premier enfant Maël. Le couple évolue dans le milieu artistique et s’est lancé dans un projet professionnel commun : créer une ligne de vêtements entre la France et l’Inde, et, à terme, s’installer en Inde.
Deux ans plus tard, le couple donne naissance à Bëla. Une petite fille désirée et attendue, mais, dans le même temps les finances du foyer se dégradent, les projets professionnels n’aboutissent pas, et la famille se retrouve sans domicile fixe :
« On en arrive là parce qu’on est au pied du mur. Mais dès ce moment-là et ensuite on va toujours se forcer avec ma femme à rendre les choses les plus douces possibles pour eux. Les nuits passées dans la voiture se comptent je pense sur les doigts de 2 mains. Après bien sûr, ils ont subi la dureté aussi et certaines nuits de froid dans la voiture où nous devions les couvrir de tonnes de couvertures. »
Pas de place en foyer d'hébergement
Le couple ne peut pas compter sur leurs proches. Il va donc chercher de l’aide en région parisienne auprès des structures d’accueil pour les sans-abris et du Samu social. Mais là, la triste réalité du terrain les attend. Il n’y a pas de place pour eux. Julien se souvient de cette annonce incompréhensible :
« Voyant qu’aucune aide n’arrivait j’ai réussi à obtenir une entrevue avec la directrice d’une structure d’accueil. Cela m’a apaisé. Je me suis dit au départ qu’il était inconcevable qu’on laisse une famille avec de jeunes enfants dans la rue en hiver, et qu’une aide d’urgence allait forcément nous être apportée. Mais elle nous a expliqué que malgré nos demandes tout était saturé de tous les côtés. Elle nous a dit très clairement : "Ça ne sert à rien de rester à Paris, vous allez juste vous essouffler et rester dehors avec vos enfants." On revenait de province, mais on a dû repartir. »
La famille se rend alors dans les Pyrénées. Sans logement, sans travail, il leur faut de l’argent pour se payer des nuits d’hôtel et des repas. Julien va donc faire la manche, ou plutôt « la quête » comme il préfère dire :
« La première fois on était avec ma femme (ensuite j’ai mendié seul et elle gardait les enfants) devant un petit supermarché, on s’est assez vite fait déloger mais on a retenté plus loin, et on a trouvé de la solidarité auprès des gens. La première heure j’avais plus d’une cinquantaine d’euros. Je ne vous cache pas que mon cœur de père a soufflé un coup, parce que l’hiver dans les Pyrénées vous le sentez ! Cela nous a permis de payer des hôtels. »
L'intervention des services sociaux
Sans domicile fixe, sans travail et obligé de se déplacer, le couple ne parvient pas à scolariser ses enfants. C’est Caty qui consacre ses journées à apprendre à lire à Maël et à apprendre les formes, les couleurs et le langage à sa fille grâce à des livres.
Le couple survit ainsi jusqu’en 2015 où il trouve un logement HLM et un emploi à mi-temps pour Julien. Les enfants sont scolarisés, et Adam vient au monde. Ce troisième bébé est prématuré et souffre de problèmes de santé qui vont mobiliser beaucoup d’énergie des parents et entraîner la perte de l’emploi de Julien. La famille va se retrouver de nouveau à la rue, et va vivre un drame le 28 décembre 2017, comme le raconte Julien :
« On venait d’être accueillis dans un foyer depuis quelques jours. Quand le 28 décembre une personne de l’Aide sociale à l’enfance frappe à ma porte. J’ai alors l’impression que c’est la fin du monde, que je vais disparaître. Je me dis d’abord que c’est peut-être un contrôle. Mais quand la personne dit "ça va être très dur", je comprends. Mes enfants aussi, ils se tournent vers moi, se raccrochent à moi, je vois de la détresse dans leurs yeux. Ensuite cela se passe très vite. On n’a pas le temps de réaliser qu’en quelques minutes on m’enlève ma fille en pleurs des bras, pendant que ma femme est sous la douche avec Adam qu’on a à peine eu le temps de finir d’habiller avant qu’il parte. »
Le temps de la reconstruction
La séparation va durer 2 ans et demi. Mais Caty et Julien vont tout faire pour retrouver leurs enfants. Le père de famille réussit à signer un CDI en tant que chef de rang dans une brasserie. Ils obtiennent un logement stable en décembre 2019. Ensuite vont s’additionner les entretiens avec le juge des enfants, les visites surveillése avec leurs trois enfants… Jusqu’au retour des enfants avec leurs parents :
« On a revu le juge des enfants le 9 juillet dernier : la semaine précédente on avait une boule au ventre qui nous empêchait presque de respirer mais j’étais confiant dans mon cœur. On a pris la parole devant le juge, raconté notre histoire et défendu nos avancées et nos efforts. Nos enfants sont enfin rentrés à la maison, pour cette rentrée en septembre. »
Depuis la famille se reconstruit et profite de ces retrouvailles :
« Quand on leur demande aujourd’hui s’ils se rappellent des moments dans la voiture, ils nous disent : "On allait dans les squares, dans les jeux au McDo, on regardait la télé tant qu’on voulait à l’hôtel !" J’ai l’impression qu’ils en gardent le côté « liberté », même s’il y a eu des moments durs. En ce moment, ils nous parlent plutôt de leur séjour en famille d’accueil qui est récent. Il y a beaucoup d’excitation à la maison, ils s’y sont vite sentis à l’aise, ils veulent beaucoup notre attention, on est encore dans les retrouvailles et la joie d’être à 5 au quotidien. »