Congé paternité : des sénateurs tentent d’en réduire la portée
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Oui, vous avez bien entendu. Alors que le 23 octobre dernier, l’Assemblée nationale votait à la quasi-unanimité le doublement du congé paternité, le passant de 14 à 28 jours, des sénateurs tentent aujourd’hui de revenir sur la proposition de loi. Benjamin Muller, notre journaliste, explique :
« On se disait : formidable, génial ! La classe politique a bien compris l’importance de passer dans une forme de nouvelle ère, une ère où le papa est présent avec son bébé, celle où les mères ne se retrouvent plus seules pour tout gérer. On pensait que la classe politique suivait… en fait, pas tant que ça, sur un point précis. Le caractère obligatoire des 7 premiers jours du congé paternité. »
Car, ce 9 novembre, des sénateurs LR ont proposé des amendements pour réduire la portée de l’évolution du congé paternité. Leurs arguments ? Le congé paternité serait compliqué à mettre en oeuvre pour les petites entreprises. Pour la sénatrice Chantal Deseyne, il faut aussi « penser à ces jeunes pères qui n’ont pas envie de prendre ce congé paternité » expliquant que cela peut « pénaliser leur carrière » et se questionne : « Mes enfants et les vôtres sont-ils moins bien éduqués parce que leur père n’était pas avec eux dans les premiers jours de leur vie ? ». Des mots à peine croyables, alors que l’allongement du congé paternité est réclamé depuis des années, notamment pour réduire les inégalités entre les hommes et les femmes.
Cette sénatrice, interviewée sur France Info, se dit « plutôt favorable à ce congé paternité, à son allongement » avant de continuer : « Je trouve que c'est une mesure sympathique ». Un mot qui résume toute la méconnaissance du post-partum et de ses enjeux, comme l’explique Benjamin Muller :
« Je trouve cela affligeant qu’une sénatrice en vienne à résumer la présence du père à quelque chose de sympathique. C’est vraiment ne rien connaitre au sujet, ou du moins ne jamais avoir réfléchi à cette question précise : la présence du père. Car la présence du père auprès de la maman et de son bébé dans les premiers mois, au-delà des liens avec l’enfant et la mère qui sont privilégiés, c’est potentiellement une meilleure répartition des tâches, de la fatigue en moins pour la maman, et c’est aussi un moyen de préserver les femmes du baby-blues voire du burn-out parental. Si Madame la sénatrice, vous pensez que le burn-out parental est un « petit caprice de gonzesse », non. On parle de troubles profonds, paralysants, avec des femmes qui mettent des mois voire des années avant de s’en remettre. Quant à l’argument du père qui n’aurait pas envie, c’est aussi le rôle de l’État d’inciter les hommes à prendre leur part de responsabilité dans la parentalité, même si ce n'est pas toujours drôle ou facile. Et pour la question de "pénaliser leur carrière", il en est exactement de même pour les femmes !
Mais je rassure tout le monde, il n’y aucune chance que cette proposition soit adoptée, parce que les républicains sont minoritaires au Sénat. »