Fermeture de maternités : doit-on continuer de gérer la santé de manière comptable ?
La maison des Maternelles- 4 min 15 s
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« On est dans une situation qui est dramatique, en partie à cause de la fermeture des lits ces 20 dernières années », explique Anna Roy. Pourtant, les français restent, paradoxalement, des champions de la natalité :
« Il y a un truc paradoxal en France, on a un taux de fécondité qui est le plus élevé d’Europe, 1,84, et pourtant on ferme plein de maternités ! On est passé de 1747 maternités en 1972 à moins de 500 aujourd’hui, imaginez-vous la chute ! »
Mais alors, comment expliquer la fermeture de ces maternités ? L'argument de la sécurité médicale, avancé par les politiques, ne convainc pas réellement Anna :
« On nous dit que c’est une raison de sécurité médicale. Il y a un décret de 1998 qui dit qu’il faut fermer les établissements qui font moins de 300 accouchements par an… Mais là ou ça ne va vraiment pas, c’est qu'on ferme bien d'autres maternités ! C’est le cas à Paris par exemple, on a fermé Brune, Hôtel-Dieu, Rothschild, St-Antoine, etc… Pourtant, c'étaient des structures où les prises en charge étaient magnifiques ! On ne va pas me dire que c’est pour la sécurité médicale ! C'est donc l’argument économique qui prévaut en ce moment, c’est assez embêtant. »
Les conséquences sont désastreuses, tant pour les femmes que pour les soignants :
« Les femmes accouchent sur le bord de la route, il y a des retards de prises en charge… Où est passée la sécurité médicale ?! Et la deuxième chose c’est que quand on ferme des maternités, petites ou grandes, on en fusionne d'autres, et on se retrouve avec des centres qui font 4,5000 accouchements où l'on assure la prise en charge médicale, certes, mais il y a aussi la sécurité psychique, et on l’oublie trop ! La sécurité psychique est fondamentale. Celle des mères et aussi celle du personnel. Une étude du CNSF de 2020 montre que ¼ des sages-femmes souffrent de burn-out, plus de 2/3 veulent quitter la profession, c’est énorme. »
Anna conclut avec ces questionnements :
« Il ne me reste que des questions, on ne peut plus d’actualité aujourd'hui : doit-on continuer de gérer la santé de manière comptable ? Il faut sortir du paradigme que la santé doit rapporter de l’argent ! On voit ce que ca donne aujourd'hui et la question est trop grave ! Doit-on continuer de voir des femmes en état de stress post-trauma puisqu’elles accouchent dans de trop grosses structures ? Doit-on accepter des territoires français sans accès a la santé ? »