Covid-19 : les bébés ont un rôle mineur dans la circulation du virus
La maison des Maternelles- 6 min 36 s
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Au début de la crise sanitaire du Covid-19, les enfants qui avaient un peu de fièvre n’étaient plus acceptés en crèche et les parents ne pouvaient plus rentrer dans les établissements. Les médias affirmaient que les enfants étaient peu malades mais vecteurs du Covid-19.
Retournement de situation au moment du confinement, les crèches ferment tandis que les médias annoncent les enfants peu vecteurs de la maladie. Ces annonces laissaient certains spécialistes perplexes, appelant à la vigilance tant les nouvelles changeaient chaque jour.
Puis en mai, les crèches ont rouvert avec des mesures contraignantes pour les parents, et surtout pour le personnel qui voyait le port du masque devenir obligatoire.
Où en est la situation aujourd’hui ?
Docteur Pauline Penot, spécialiste en médecine interne et en santé publique, a réalisé une étude pour Santé Publique France en observant deux crèches restées ouvertes pendant le confinement pour garder les enfants du personnel soignant. Cette étude confirme que les tout-petits ont un rôle mineur dans la circulation du virus, même si le docteur Penot tient à nuancer les résultats :
« Sur les petits effectifs qu’on avait, c’est vrai. Ça mérite d’être confirmé mais ça vient dans un faisceau d’arguments qui est quand même assez rassurant, d’études qui vont dans le même sens sur des enfants de moins de 5 ans qui diffusent assez peu le coronavirus, probablement parce qu’ils sont eux-mêmes peu symptomatiques quand ils l’attrapent. Mais ça ne veut pas dire qu’ils n’attrapent pas le virus. »
Sur les deux crèches observées, l’une d’elle a été le théâtre d’une épidémie puisque la moitié du personnel a été contaminé. À première vue, le virus semble n’avoir circulé qu’au sein du personnel uniquement :
« On ne peut pas dire si les bébés l’ont attrapé ou pas parce qu’on ne les a pas testés. On n’a pas évalué la situation directe sur les enfants, on a évalué leur transmissibilité, c’est-à-dire qu’on a testé les parents de ces enfants quand ils étaient soignants des unités Covid, on a testé le personnel qui a été réquisitionné pendant le pic épidémique et on a essayé de retracer la circulation virale. Ce sont des hypothèses de circulation, on ne peut pas le prouver mais on a de bons arguments pour dire que c’est assez peu passé par les enfants, voire pas du tout. »
Des gestes barrières inapplicables en crèche
Comparé aux autres virus qui s’apprêtent à circuler dans les crèches à cette période, comme la gastro et les rhumes en tout genre, la situation est très différente avec le Covid-19 :
« C’est complètement différent, et là on va entrer en saison de transmission virale donc il y aura des enfants malades, des parents malades. On a l’habitude, quand on a des enfants gardés en crèche, d’être malade tout l’hiver donc il n’y a pas de raison que ça change, parce que les gestes barrières sont très difficiles à appliquer en crèche. Je pense qu’il faut être pragmatique, ils sont inapplicables en crèche. Il faut qu’elles restent ouvertes, c’est très important. Il faut aussi essayer de garder les enfants à la maison, si possible, quand ils sont malades, ne serait-ce que pour essayer d’empêcher la diffusion des autres virus concurrents du Covid-19. »
Statistiquement, les soignants ont été moins contaminés, 11% contre 17 pour le personnel de ces crèches. Cela peut paraître étonnant à première vue, mais la raison est toute simple : le personnel de crèche n’était pas équipé de masques, contrairement au personnel soignant. Docteur Pauline Penot précise :
« Les statistiques, on peut leur faire dire pleins de choses. Mais ce que ça dit de très chouette, c’est que les mesures barrières marchent. Et c’est confirmé par les chiffres généraux des hôpitaux de Seine-Saint-Denis où on a des prévalences de séropositivité Sars-Cov-2 qui sont extrêmement faibles parmi les soignants qui ont été en première ligne des unités Covid pendant la première vague épidémique. C’est une bonne nouvelle. Ça veut dire que mettre un masque et se laver les mains fonctionne. C’est très rassurant. »
Une balance bénéfice-risque favorable
Les échantillons étant prélevés sur de courte période, les études n’en sont donc qu’au début. Néanmoins, ils suffisent pour affirmer que les enfants ne sont pas exposés à un grand risque en allant à la crèche :
« Il y a plus d’avantages à pouvoir socialiser nos enfants avec les crèches, et les maternelles plus largement, que les garder sous cloche d’une épidémie Covid. On n’est pas sur du risque 0, je ne peux pas dire qu’il n’y aura pas d’infections Covid par des enfants, je ne peux même pas dire qu’il n’y aura pas de transmissions au travers des enfants. Personne ne peut dire ça aujourd’hui. Mais la balance bénéfice-risque est largement favorable à laisser les enfants vivre une vie libre et épanouie en société. »
Si cette étude a été réalisée auprès d’enfants en crèche, il semblerait que ce constat puisse aussi s’appliquer aux enfants en maternelle et en primaire.