Psychose puerpérale : « Une instabilité, des inquiétudes disproportionnées et déconnectées de la réalité, cela doit nous inquiéter »
La maison des Maternelles- 24 min 24 s
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La psychose puerpérale est un trouble psychiatrique grave, survenant la plupart du temps quelques jours après l’accouchement. La jeune mère se trouve alors dans un état confusionnel important, avec des délires et/ou hallucinations, souvent tournés vers l’enfant qui vient de naître.
La psychose puerpérale est considérée comme une urgence psychiatrique, notamment à cause des risques encourues (suicide, infanticide). Le Professeur Wissam El Hage, psychiatre, nous éclaire sur cette pathologie peu connue qui touche les mères.
LMDM : Y a-t-il des causes ou des « terrains favorables » à la psychose puerpérale ?
Pr Wissam El Hage : On n’a pas d’éléments particuliers pour anticiper quelle femme va développer des signes. Plutôt des facteurs de risque : un accouchement traumatique, une mère isolée, une grossesse compliquée. Mais nous n’avons pas une cause qui nous permet de dire « cette personne va faire une psychose puerpérale ».
C’est fréquent ?
Ça arrive : 1 personne tous les 1000 accouchements. C’est très impressionnant car c’est inattendu, c’est souvent un coup de tonnerre pour l’entourage.
Comment la différencier de la dépression du post-partum ?
Dans la dépression du post-partum, classiquement la mère ressent une tristesse, un manque d’intérêt pour les choses de la vie, une absence de plaisir, tout en étant tout à fait ancrée dans la réalité, inquiète pour l’enfant, et avec la culpabilité d’être triste.
Dans la psychose, il y a des facteurs et symptômes très instables de tristesse mais ce n’est pas ce qui prédomine. Ce qui prédomine c’est une variabilité et une grande confusion. La personne est confuse avec des éléments de déconnexion de la réalité, ses inquiétudes sont « hors réalité ».
NDLR : La psychose se distingue essentiellement de la névrose par le fait que le sujet psychotique est en rupture avec la réalité. Les névroses regroupent quant à elles les troubles psychiques chroniques où le sujet n’est pas en rupture avec la réalité. Dans le cas d’une dépression du post-partum, le sujet se trouve davantage dans un trouble névrotique, contrairement à la psychose puerpérale.
Qu’est ce qui peut alerter ?
C’est difficile à repérer pour l'entourage. Mais quand il y a des moments d’instabilité, ou des inquiétudes disproportionnées centrées sur l’enfant ou la maman et que l’entourage remarque que ce n’est pas en adéquation avec la réalité objective, cela doit nous inquiéter. Ce qui est complexe dans la psychose puerpérale, ce sont les éléments délirants confusionnels et l’instabilité de l’humeur : l’entourage, d’une personne à l’autre, ne voit pas les mêmes symptômes. Ce qu’on sait, c’est qu’une maman est vulnérable après un accouchement, donc il faut y être attentif, ne pas la laisser seule, l’accompagner. Et ne pas hésiter à demander l’avis d’un spécialiste si l'on a des inquiétudes.
Un accouchement traumatique peut être un facteur déclenchant ?
C’est un facteur de risque supplémentaire, notamment quand on a manqué des repères habituels. C’est une "déréalisation" : la réalité qui nous entoure apparait de façon modifiée, d’autant plus si nous sommes dans un environnement que nous ne maîtrisons pas ou ne connaissons pas. Un accouchement stressant, l’isolement, ce sont des facteurs qui aggravent les risques.
Est-ce que cela se soigne ?
Oui ! Le plus difficile c’est d’identifier le trouble le plus tôt possible. Plus tôt on l’identifie, mieux on le soigne. Le tout c’est de déstigmatiser la maladie. Dans certaines formes, la maternité peut-être l’occasion d’apparition d’une pathologie qui va rester dans le temps, comme une maladie bipolaire ou des troubles de l’humeur qui vont démarrer à la suite de cette psychose. Mais dans tous les cas, il ne faut surtout pas faire l’autruche, ne pas rester seule et isolée.