Témoignage : « Je n’ai pas aimé mon bébé tout de suite »
La maison des Maternelles- 1 min 55 s
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Il y a quatre ans, Marine a accouché de sa fille aînée Anna. Mais la jeune femme s’inquiète de ne rien ressentir à la naissance :
« Quand elle est née, je m’attendais à la connaître comme étant mon enfant. Je l’avais portée neuf mois et je pensais la connaître. Mais quand on me l’a posée sur le ventre, j’avais l’impression de ne pas la reconnaître. Il n’y a pas eu de coup de foudre, je ne pouvais pas dire que je l’aimais, ni que je ne l’aimais pas. Je ne savais pas. »
Lors du premier bain de sa fille, Marine ressent des sentiments contradictoires. La petite se met à hurler, et Marine se retrouve complètement désemparée, elle ne se sent pas à la hauteur et ne se sent pas maman.
Une compréhension progressive
« J’ai compris ensuite que ce n’est pas parce que je n’ai pas eu le coup de foudre tout de suite pour ma fille, que la relation ne s’est pas construite par la suite. Le lien s’est créé sur le long terme. J’ai le sentiment d’avoir vraiment aimé Anna comme j’imaginais l’aimer avant l’accouchement, aux alentours de ses quatre mois. Je m’en suis rendue compte parce que je prenais de plus en plus de plaisir à m’occuper d’elle. J’avais envie de passer du temps avec elle. Les gestes du quotidien qui étaient difficiles au début ont commencé à me plaire. »
Avec sa seconde fille, Alice, le lien s’est construit un peu plus facilement, notamment car Marine se sentait mieux préparée à ne pas forcément ressentir un coup de foudre dès le début : cela a donc été plus facile à accepter. Elle était plus sereine et savait que leur relation se créerait petit à petit.
Déculpabiliser les parents
Pour Marine il est important de faire savoir aux femmes que ce n’est pas grave de ne pas aimer son enfant sur le champ, devenir parent ne se limite pas à mettre au monde un enfant et il est normal que certaines relations puissent mettre plus de temps à se construire :
« C’est important de déculpabiliser les mamans, et même les papas. Ce sont des moments qui sont particuliers et que l’on ne vit pas souvent dans une vie, il faudrait pouvoir les vivre sans se sentir coupable de ce que l’on ressent. »
Sophie Marinopoulos, psychologue, psychanalyste, explique :
« L’instinct maternel n’existe pas. C’est important de dire aux femmes que ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de coup de foudre que cela attaque la qualité de la relation qui va se mettre en place ! C’est comme une rencontre amoureuse : parfois on a le coup de foudre, parfois pas. On entend dire : " Je l’ai trouvé prétentieux, inintéressant, et c’est mon mari ! ". Dans de très nombreux cas, la jeune mère fait face à un choc : elle n’est pas « délivrée » en voyant son bébé. D’abord elle voit ce bébé qu’elle ne connaît pas, qui peut l’effrayer, la laisser indifférente, l’angoisser. Il y a de l’étrangeté au départ, et une fois que l’on a passé la barrière : la rencontre a lieu, et là on est délivré. Le lien se créé, c’est un processus. »