Séparation mère-enfant à la naissance : comprendre et réparer le traumatisme
La maison des Maternelles- 1 min 2 s
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Le Dr Arnault Pfersdorff nous parle des cas où l’intervention d’un pédiatre peut être nécessaire à la naissance, et comment celle-ci peut impliquer une séparation de la mère et de son enfant. Hélène Romano est psychothérapeute, elle nous explique quant à elle les conséquences de cette séparation et donne des pistes pour les réparer au mieux.
Les causes de la séparation
L’intervention d’un pédiatre n’est bien évidement pas nécessaire à chaque accouchement. C’est la sage-femme qui suit la parturiente ou le gynécologue qui le prévient, en se basant sur plusieurs critères :
L’histoire de la grossesse :
- Prématurité,
- Présentation par le siège,
- Malformation vue à l’échographie,
- Diabète maternel,
- Gros ou petit bébé,
- Antécédents obstétricaux ou médicaux,
- Gémellarité,
- Fièvre maternelle,
- Contexte psychosocial.
Déroulement du travail :
- Ventouse,
- Forceps,
- Cordon autour du cou,
- Ralentissement du rythme cardiaque du bébé,
- Présentation transverse par le front,
- Non progression.
Le pédiatre, nous explique le Dr Pfersdorff, se tient prêt en cas de problème pour être sûr que la situation ne devienne pas dangereuse pour le bébé, car s’il y a besoin d’une intervention, il faut qu’elle puisse se dérouler très vite :
« On n’est pas loin, prêts avec nos ustensiles à intervenir. Parce que pour un bébé chaque minute compte. Le plus important c’est le cerveau, le cerveau ne doit pas manquer d’oxygène. »
L'intervention du pédiatre
Notre pédiatre insiste là dessus : ses confrères sont nettement moins interventionnistes que par le passé pour éviter au maximum la séparation mère-enfant. Certaines interventions, comme la prise du pouls du nourrisson, peuvent-être faites pendant que le bébé est dans les bras de l’un de ses parents, ou en peau à peau avec lui. Dans la mesure du possible, le pédiatre n’intervient pas, il est simplement présent dans la pièce pour s’assurer que tout va bien, il s’efforce de rester en retrait.
Parfois pourtant, il faut séparer la mère et l’enfant pour une intervention, les pédiatres essaient alors d’impliquer le père ou la personne accompagnante afin de garder le lien du bébé avec sa famille. Néanmoins, tous les pères ou coparent ne peuvent assister à la prise en charge du bébé par le pédiatre. Parfois, ils préfèrent rester auprès de la mère si la situation est compliquée, ou bien ne se sentent pas d’assister à une réanimation ou une aspiration.
Pour Arnault Pfersdorff, il est très important de rassurer les pères et coparent lorsqu’une intervention du pédiatre est nécessaire :
« Il faut accompagner le papa pendant l’intervention : c’est aussi le rôle des sages-femmes, de l’anesthésiste. J’explique au papa ce que je suis en train de faire si le papa veut assister aux soins. Il ne faut pas qu’il se sente exclu ou spolié de la naissance s’il y a un acte de réanimation. Je surveille aussi son état général, car il peut y avoir le risque pour lui de faire un malaise. »
Les cas de séparations plus longues
Certaines séparations peuvent malheureusement être plus importantes, dans le cas d’enfants nés très prématurément par exemple. C’est alors une étape très difficile car le bébé se retrouve éloigné brusquement du corps de sa mère, il n’a aucun repère et des mains étrangères le manipulent. Pour Hélène Romano, c’est ici très important que le personnel de santé parle au bébé, lui explique ce qu’il est en train de se passer pour le rassurer.
Pour la mère de l’enfant, ce moment est souvent synonyme de grande culpabilité, elle peut aussi ressentir un profond sentiment d’injustice, comme le souligne la psychothérapeute :
« C’est extrêmement violent, cela peut entraîner des dépressions du bébé si on ne lui explique pas. Il faut beaucoup parler à ce bébé, en étant présent pour lui. Il faut aussi accompagner les parents qui se sentent impuissants, ils peuvent être particulièrement insécurisés. Ce temps-là ne se rattrapera pas et ils ont été amputés des premiers jours de vie de leur enfant. Il faut donc beaucoup discuter, il y a un sentiment d’injustice profond. »
Il faut aussi prendre en compte les autres enfants lorsqu’il y a une fratrie. Pour les aînés, la naissance d’un plus jeune est toujours une étape à la fois excitante et inquiétante. Ils peuvent être très déçus de ne pas rencontrer leur petit frère ou sœur, ou bien se sentir abandonnés car l’attention des parents sera fixée sur l’enfant hospitalisé. Hélène Romano suggère de beaucoup discuter, beaucoup écouter les autres enfants de la fratrie afin qu’ils se sentent libre d’exprimer leur solitude, leur frustration. Il est bon de leur expliquer ce qu’il se passe avec des mots simples.
Les parents ne doivent pas non plus hésiter à consulter un professionnel pour parler de leur ressenti après cette séparation avec leur bébé : un.e psychologue, psychanalyste ou psychiatre peuvent grandement les aider à comprendre et réparer ce traumatisme.