#MonAccouchementCovid : un hashtag pour témoigner
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Voici une phrase du témoignage de Mathilde, à propos de son accouchement, que l'on peut lire sur le site Parents & Féministes. L'association, qui oeuvre depuis 2019 pour une parentalité égalitaire et une enfance sans sexime, a lancé le hashtag #MonAccouchementCovid, afin de recueillir les témoignages des femmes ayant accouché pendant la crise sanitaire. Nous avons rencontré Manuela Spinelli, enseignante, chercheuse, spécialiste des études de genre et co-fondatrice de Parents & Féministes.
LMDM : Comment s’est passée la période de confinement à l’association ?
Manuela Spinelli : Pendant le confinement nous n'avons pas voulu nous mettre en pause, nous avons mis en place des groupes de parole téléphoniques, des groupes WhatsApp, qui sont des espaces de parole et de partage pour les parents. Tout cela a pour but de libérer la parole et de soutenir les parents. On a aussi lancé, le hashtag "mon accouchement Covid", pour diffuser la parole des femmes qui ont accouché par le confinement.
Comment vous est venu cette idée ?
Dès le début du confinement, on a reçu des messages de parents inquiets, notamment à cause des nouveaux protocoles mis en place par certaines maternités sur la non-présence du conjoint. Ça nous a interpellé parce que l'OMS avait pourtant donné des recommandations qui allaient à l’encontre de ces décisions. L’idée de la création du hashtag, c’était de relayer la parole des femmes. On a reçu des témoignages accablants sur les conditions d’accouchement et de séjour en maternité, et donc il était impensable de les passer son silence. On l'a fait aussi pour soutenir la parole des victimes, qu’elles se sentent moins seules. Par la suite, on a remarqué que les femmes se sont appropriées elles-mêmes le hashtag, sur Twitter ou d'autres réseaux sociaux. La nécessité de partager son expérience est bien là. Malheureusement, c’est encore trop tabou, beaucoup de femmes ont des difficultés à en parler. On espère également interpeller les autorités et que le gouvernement prenne position là-dessus.
Que pouvez vous nous dire sur ces témoignages ?
Les témoignages que l’on a reçus révèlent des conditions d'accouchement et de prise en charge vraiment inadmissibles. Ils révèlent aussi une extrême violence. Ce qu'on pourrait appeler une déconsidération du corps des femmes, et des femmes elles-mêmes. Une des situations qui revient le plus souvent c'est l'absence du coparent. C'est un choix très difficile et arbitraire qu'on fait certaines maternités. L’accouchement, la prise en charge de la douleur, la prise en charge du nourrisson… les femmes ont du tout faire seule !
Une femme qui a témoigné pour nous a utilisé une image forte, que je pense parlante. Elle a dit qu'elle s'était senti « abandonnée, comme dans un placard à balais ». C'est quelque chose d'extrêmement violent.
Ce qu'on retrouve aussi dans ces témoignages, c’est une vision passive de la femme qui accouche et qui est considérée comme un objet sans savoir. Le rythme de travail du personnel soignants est très rapide aussi, on voit parfois des soignants stressés, à bout de force. L’absence de temps est une absence de soin. Ces problématiques existaient déjà avant, mais la crise sanitaire a tendu la situation, et ce sont les femmes qui en payent le prix fort.