Violences conjugales et confinement : le triste constat
La maison des Maternelles- 6 min 25 s
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Frédérique Martz est la co-fondatrice et directrice générale de l’association Women Safe, qui alerte et vient en aide aux femmes victimes de violences conjugales et intrafamiliales, elle fait le point avec nous.
Le confinement révélateur
Si le confinement a été un facteur de risque en plus pour les violences conjugales, il a aussi été l’occasion pour beaucoup de femmes de libérer leur parole sur des violences passées, nous explique notre interlocutrice :
« Il y a eu des violences conjugales, mais dans ce confinement 40% des femmes que nous avons prises en charge ont évoqué des violences différées : des viols, des incestes. Le confinement a peut-être fait émerger un besoin de parler de violences qu’elles n’ont pas évacuées. »
Des zones diverses
Pour les associations, il a fallu faire le constat des différentes zones dans lesquelles ont eu lieu ces violences conjugales :
« Quand on parle de violences conjugales, on ne fait pas assez la différence en fonction des zones dans lesquelles ces violences se passent. Nous avons des chiffres de 32% en zone gendarmerie, c’est-à-dire principalement en zone rurale, et des chiffres de 36% en zone urbaine. C’est donc un chiffre similaire dans les zones prioritaires. C’est assez équilibré mais il est important de faire un focus sur les zones rurales car elles ne sont souvent pas desservies par des dispositifs qui peuvent venir en aide aux femmes et elles sont d’autant plus isolées. »
Des violences qui commencent pendant le confinement
Plusieurs cas de violences conjugales sont apparues durant le confinement alors que cela n’était jamais arrivé dans le couple auparavant. Frédérique Martz nous parle des éléments qui peuvent déclencher ces violences alors qu’il n’y avait apriori aucun signe avant-coureur :
« La grossesse est souvent un indicateur pour nous de début des violences, et d’autant plus après l’accouchement, un petit être vient s’interférer dans le couple et cela pose des problèmes à certains hommes. Ils réagissent avec peu d’empathie à ce moment-là car la maman est plus préoccupée du bébé et la relation de couple se met entre parenthèse. »
L’inaction générée par le confinement a également entrainé une consommation d’alcool excessive qui a pu créer de nouvelles violences dans certains couples :
« Avec le confinement, il y a aussi eu l’alcoolisme qui s’est installé par ennui. Certaines femmes nous ont appelé en nous disant « Il est alcoolisé, il agit mal, il a des gestes violents » et là ce n’est plus de la violence psychologique mais de la violence physique. »
Par ailleurs, pour limiter les risques de transmission du virus dans les prisons, beaucoup de prisonniers ont été libérés et parmi eux des auteurs de violences conjugales :
« Il y a un autre phénomène dont on ne parle pas : lors du confinement on a libéré beaucoup d’auteurs qui étaient incarcérés en prison. Ils sont retournés au domicile et qui nous a confronté à des difficultés pour protéger ces femmes dont l’auteur des violences est retourné à la maison. »
De façon générale, Frédérique Martz remarque que le confinement a beaucoup isolé les femmes dans leur domicile. Elles se sont vues enfermées avec un conjoint qui parfois ne supportaient plus leur présence.
De lourdes conséquences pour les enfants
Privés d’école, d’activités extra-scolaires, beaucoup d’enfants se sont retrouvés sans exutoire tandis que des violences intra familiales se déroulaient chez eux. Les enfants ont davantage pris conscience de ces violences et en même temps se sont retrouvés assez oubliés :
« Nous avions des mamans au téléphone qui parlaient de leurs enfants mais nous n’arrivions pas à capter la parole de leurs enfants. Or il est très important que ces enfants soient entendus et écoutés. Nous craignons après ce confinement une augmentation des prises en charge de ces enfants qui ont été témoins. Notamment parce que l’école aura signalé un mal-être au retour à l’école. »