« Nous craignons qu’il n’y ait pas suffisamment de places d’accueil pour mettre les enfants à l’abri »
La maison des Maternelles- 2 min 19 s
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Pendant le confinement, les signalements de maltraitance envers les enfants ont considérablement augmenté. Ainsi, sur la semaine du 13 au 19 avril, il y a eu plus de 14 000 appels au 119, le numéro de l’enfance en danger, soit une augmentation de 89% par rapport à la même période l’année précédente.
Une situation qui inquiète tous les acteurs qui œuvrent à la protection de l’enfance et qui laisse craindre une déferlante de demandes de placement dans les semaines à venir. François Vacherat, directeur général de la fondation Action Enfance, fait le point pour LMDM.
LMDM- Quelle est la situation actuellement ?
François Vacherat - La situation n’est pas très bien connue. Grâce à la campagne qui a été menée pour faire connaître le 119, on a pu constater que les signalements ont très fortement augmenté sur les premières semaines de confinement. La question aujourd’hui est comment ensuite protéger les enfants qui ont été signalés comme étant en danger ? Car nous n’avons pas une vision très claire de la réalité de ce qu’il se passe en France aujourd’hui.
Que craignez-vous ?
La Protection de l’enfance est un enchaînement de décisions avec beaucoup d’intervenants. Donc quand vous faites un signalement au 119 il faut ensuite diligenter une enquête. Puis il faut que les informations, les rapports dressés par les acteurs sociaux remontent auprès de l’appareil judiciaire qui va ensuite prendre des ordonnances de placement. Une fois que ces ordonnances de placement sont prises, il faut trouver des lieux d’accueil pour les enfants et il faut les accueillir. Donc cela représente une multiplicité d’acteurs et d’enchaînements d’acteurs. De ce fait, bien qu’aujourd’hui il y ait une forte progression d’appels au 119, je ne pourrai pas vous certifier qu’il y ait aussi une forte progression de demandes de placement.
Pensez-vous qu’à cause du confinement, certains enfants n’aient pas été pris en charge ?
Je peux citer des exemples où aujourd’hui, certains services sociaux qui sont mis en télétravail ou qui n’avaient pas les équipements pour intervenir auprès des parents, se sont trouvés en difficulté pour aller ne serait-ce qu’enquêter sur des situations pour le juge. Et donc, sur certains signalements, des retards ont été pris parce qu’en période de confinement c’est extrêmement compliqué d’aller faire des enquêtes sociales. Les craintes sont donc de ne pas avoir pu être suffisamment réactif pour des enfants qui ont été victimes de violence. Mais aussi d’avoir beaucoup d’ordonnances de placement dans les semaines qui viennent et pas forcément suffisamment de places d’accueil pour mettre les enfants à l’abri. C’est la crainte principale que l’on va avoir jusqu’à cet été.
Est-ce que votre fondation est préparée à accueillir plus d’enfants en urgence ?
Nous avons monté un centre d’accueil de 30 places dans une propriété de la fondation en Indre-et-Loire en étroite collaboration avec les départements d’Indre-et-Loire, de l’Essonne, et du Loiret. Cela nous permet aujourd’hui d’accueillir des enfants en urgence. Des enfants qui ont été victimes de violences pendant le confinement.
Par exemple lundi dernier nous avons accueilli une fratrie de 3 enfants. Trois petits garçons de 6, 4 et 2 ans qui vivaient au domicile familial avec les parents. La situation était déjà connue du juge pour enfants car cette famille bénéficiait d’une mesure de placement à domicile. Des éducateurs venaient donc régulièrement s’occuper des enfants et des parents. Au moment du confinement, cette assistance s’est arrêtée. La maman qui est personnel soignant a été très mobilisée dans les hôpitaux. Le papa s’est retrouvé tout seul à s’occuper des enfants. Les enfants ont pu retourner à l’école car leur mère faisait partie du personnel soignant. À l’école ils se sont plaints du père. L’enseignante d’un des enfants a fait appel au médecin de l’école qui a dressé un diagnostic, et transmis ces informations au juge pour enfant. Le juge a décidé lundi dernier d’aller chercher les 3 enfants à la sortie de l’école et a demandé au département de l’Essonne de trouver un lieu d’accueil. Nous, Action Enfance, accueillons des fratries. Nous avons donc pu, dans le centre temporaire, accueillir ces enfants qui ont quitté l’école en début d’après-midi et sont arrivés dans notre centre d’accueil en Indre-et-Loire, à 200 kilomètres, lundi soir.
Bien que le confinement soit terminé, faut-il toujours appeler le 119 en cas de doute ?
Il vaut mieux se tromper et alerter les autorités. De toute façon ce n’est pas celui qui signale qui va être mis en difficulté. Celui qui signale le fait car il a peur pour ces enfants-là, peur d’une situation conjugale, peur pour ces femmes qui sont violentées. Derrière un signalement il y a des enquêtes sociales qui sont menées puis un juge qui prend la décision de placement. Donc le fait de faire un signalement n’engage pas la responsabilité des personnes. Cependant le fait de ne pas faire de signalement engage la responsabilité des personnes. C’est pour cela qu’il ne faut pas hésiter, quand on entend des bruits, quand on entend des cris, quand on entend les enfants se plaindre… Il ne faut pas hésiter à le signaler.
A noter:
Vous êtes un enfant, un adolescent et vous pensez être victime de violences ? Vous êtes un mineur inquiet pour l'un de vos camarades ? Vous êtes un parent en difficultés avec ses enfants ? Vous êtes un adulte préoccupé par une situation d'enfant en danger ou en risque de l'être ? Vous pouvez directement composer le 119 (24h sur 24, 7j/7) ou écrire via le formulaire sur allo119.gouv.fr.