Maladie de Kawasaki : “Il y a un certain nombre d’arguments pour penser qu’il y a un lien avec le Covid-19”
La maison des Maternelles- 5 min 42 s
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La semaine dernière, le Royaume-Uni alertait sur un nombre inhabituel d’hospitalisations d’enfants manifestant des symptômes inflammatoires, pouvant faire penser à la maladie de Kawasaki.
Depuis, d’autres pays ont fait le même constat, dont la France. Si, jusqu’à présent, le lien avec le Covid-19 n’était pas établi, il semble aujourd'hui de plus en plus probable. Rencontre avec le Professeur Bonnet, chef de service en cardiologie congénitale et pédiatrique à l’hopital Necker.
LMDM : Quels symptômes présentent les enfants hospitalisés ?
Pr Bonnet : C’est une maladie inflammatoire. Certains enfants ont beaucoup de fièvre, des signes digestifs, éventuellement des signes respiratoires ou cutanées, avec des éruptions par exemple, mais sans atteinte cardiaque. Et puis, il y a une autre forme de la maladie qui va conduire les enfants en réanimation, avec des atteintes cardiaques importantes, même si elles sont transitoires et qu’on sait bien les soigner. Les 2 formes de la maladie peuvent se chevaucher, avec des enfants qui sont un peu au milieu. Aujourd’hui, la proportion d’enfant avec des atteintes cardiaques nécessitant qu’on les traite à l'hôpital, c’est environ la moitié des cas.
Comment évolue la situation ?
Le nombre de cas par rapport à la semaine dernière a augmenté mais reste stable. Ça ne s’est pas arrêté, mais il n’y a pas d’accélération. On n’a pas d’augmentation exponentiel, comme ça a été le cas pour les adultes face au Covid-19. Il y a 2 ou 3 enfants hospitalisés chaque jour à Necker pour ces symptômes. Sur la région parisienne, cela doit représenter une cinquantaine d’enfants. Sur le reste de la France, les zones ayant été touchées le plus durement par le Covid-19 sont aussi celles dans lesquelles on retrouve des enfants présentant les mêmes problèmes. Ils sont beaucoup plus rares dans les zones dites « vertes ».
Le lien avec le covid-19 se confirme-t-il ?
En tant que médecin et scientifique, il faut qu’on ait des arguments définitifs. Il est important d’être prudent : on peut dire que l’on remarque une augmentation des cas de cette maladie inflammatoire. Avant, on voyait 1 forme grave cardiaque par mois. Là, nous en avons eu 20 en 15 jours. Ce n’est donc pas habituel.
Certes, on est des scientifiques mais on a aussi un peu de bon sens et de pragmatisme. On est dans une période épidémique de Covid-19, et on voit apparaître beaucoup plus, une maladie que l’on voyait rarement. Qui est en plus une maladie infectieuse ou post-infectieuse, donc on s’est interrogé.
Aujourd’hui, il y a quand même un certain nombre d’arguments pour penser qu’il y a un lien avec le Covid-19. D’abord, la fréquence donc. Ensuite, une grosse partie de ces enfants, environ 3/4, ont été en contact avec le Covid-19 : ils ont une sérologie positive ou des tests positifs. Cette proportion ce n’est pas 100%, mais c’est quand même beaucoup. Et pour une grande partie d’entre eux, dont ceux qui étaient négatifs, ils avaient été en contact au sein de leur famille avec un patient infecté.
Tout ça, ce ne sont pas des arguments d’une solidité définitive. Ce qui a troublé les gens, c’est aussi la temporalité : pourquoi est-ce que le problème survient de façon différé chez les enfants par rapport à l’épidémie chez les adultes ? On comprend en partie que la réaction immunitaire des enfants qui ont été infectés il y a 3 ou 4 semaines par le Covid-19 peut se manifester quelques semaines après par cette réaction inflammatoire très forte, qui touche différents organes, et qui les amène pour certains à être hospitalisés dans des unités de soins intensifs.
Je n’affirme pas de façon définitive que tout cela est lié au Covid-19, mais il y a quand même pas mal d’arguments pour le penser.
Ces symptômes sont ils fréquents ?
Ca reste un problème très rare si l’on compare le nombre d’admissions à la population. Il y a très peu d’enfants hospitalisés avec ce problème là. Ça n’a donc rien à voir avec ce que nous avons pu tous craindre au moment de l’épidémie « adulte ». Ce n’est pas du tout la même chose. Un Covid-19 chez l’enfant est dans la plupart des cas bénin.
Aussi, le fait que la communauté médicale soit maintenant prévenue, fait que les enfants arriveront plus tôt dans les services adaptés, avec une prise en charge précoce, et donc avec moins d’atteintes cardiaques sévères.
Comment évolue la santé des enfants hospitalisés ?
Elle s’améliore très rapidement, le traitement que l’on donne est très efficace. Tous les enfants ne sont pas sortis de l’hôpital, mais leur état s’améliore tous très vite. On sait que dans l’immense majorité des cas, les enfants vont guérir complètement et définitivement.