Accouchements et coronavirus, comment ça se passe ?
La maison des Maternelles- 4 min 57 s
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Le Professeur Jacky Nizard est gynécologue obstétricien à l’Hôpital de La Pitié Salpêtrière à Paris. Il répond à vos interrogations concernant l’accouchement durant cette période de crise sanitaire.
Accouchement plus risqué ?
De façon générale, les femmes sont moins sujettes que les hommes à l’aggravation des symptômes du coronavirus. Mais de par les difficultés respiratoires qui surviennent souvent en fin de grossesse, le coronavirus peut se révéler plus problématique pour les femmes au troisième trimestre. C’est pour cela par exemple que certains accouchements sont avancés. En effet, le coronavirus n’est pas lui-même à l’origine d’accouchement prématurés, mais certains praticiens préfèrent déclencher l’accouchement pour qu’un utérus trop gros n’aggrave pas les symptômes de la mère. Pour autant, dans la mesure du possible les obstétriciens essaient de favoriser le cours normal des accouchements, il n’y a pas plus de césarienne par exemple.
Test ou pas test ?
Comme nous l’explique notre obstétricien, les tests sont réservés aux patientes symptomatiques hospitalisées et au personnel médical. Mais le même protocole d’accouchement s’applique aux parturientes non testées qui présentent des symptômes.
Une naissance plus solitaire
Pour l’instant, dans le cas où la femme enceinte n’est pas contaminée ou ne présente aucun symptôme grippal, une personne de sa famille peut être présente avec elle durant l’accouchement. Les mesures peuvent néanmoins encore changer. Dans le cas en revanche où la femme présente des symptômes, elle accouche seule avec le personnel médical suivant un protocole très stricte. Dans tous les cas, les visites en suite de couche sont interdites. Mais selon le Professeur Nizard, des mesures sont prises pour écourter le temps passé en maternité :
« On va vers un raccourcissement du temps passé en maternité dans le cas d’un accouchement où tout s’est bien passé. Le but est d’alléger au maximum les services hospitaliers et de s’exposer le moins possible les uns aux autres. Il faut que l’hôpital soit libéré de tout ce qui n’est pas urgent.»
C’est pourquoi il est très important de préciser si l’on a des symptômes du virus avant d’arriver aux urgences pour un accouchement.
La péridurale maintenue jusqu’à nouvel ordre
Des rumeurs circulent sur le fait que les péridurales ne seraient plus distribuées lors des accouchement, les anesthésistes étant mobilisés pour les patients en réanimation. Pour l’instant, il n’est pas question de cela, les péridurales sont maintenues pour toutes les patientes qui en ont besoin.
Ne pas céder à la panique
Pour le Professeur Nizard, il est très important de ne pas changer ses plans d’accouchement. Quand on a prévu un accouchement en maternité, on reste en lien avec l’établissement, on pose des questions à son obstétricien si besoin, mais il vaut mieux ne pas organiser au dernier moment un accouchement à domicile par simple peur de l’hôpital. Les bébés ne naissent pas infectés par le virus et tout changer à quelques semaines ou quelques jours de l’accouchement peut se révéler bien plus dangereux. De plus, les bébés ne sont pas séparés de leur mère après l’accouchement, elles sont simplement enjointes à porter un masque lorsqu’elles le prennent contre elles, tout comme le père.
Allaitement, on évite ou on favorise ?
Là encore, il vaut mieux ne pas changer ses plans, l’allaitement n’est pas du tout déconseillé, simplement, il faut que la maman porte un masque quand elle allaite. Et nul besoin de faire des stocks de lait :
« On n’allaite pas au sein par crainte d’une pénurie, et il ne sert à rien de faire des stocks, il n’y a aucune pénurie. Il faut du lait pour tout ceux qui en ont besoin, laissez-en aux autres. »