Services pédiatriques saturés : l’hôpital public à l’agonie
La maison des Maternelles- 3 min 29 s
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Depuis quelques années, la situation de certains services de l’hôpital public se détériore. En novembre 2019, on apprenait que de nombreux lits dans des services de réanimation pédiatrique avaient fermés. Pourquoi ces fermetures ? Quelles conséquences pour les bébés et leur famille ? Réponses avec le professeur Pierre-Louis Léger, chef de service en réanimation pédiatrique à l’hôpital Trousseau à Paris.
LMDM – Depuis Novembre, il y a eu 3 grèves organisées par le personnel médical, une lettre de démission collective des chefs de services pour provoquer un choc dans l’opinion, ainsi qu’une pétition en ligne. Quelle est la situation des services de pédiatrie ?
Pr Pierre-Louis Léger : Il y a une véritable crise depuis quelques mois. Le fait est qu’il y a un manque de personnel paramédical depuis quelques temps dans les services d’urgences, dans les services de réanimation pédiatrique. On a par exemple, de plus en plus de mal à recruter des infirmières. Il y a une pénurie de recrutement. C’est cela qui a conduit fin 2019 à la mobilisation des familles suite à la fermeture des lits dans certains services.
Pourquoi l’hôpital public peine-t-il à recruter des infirmières ?
Tout simplement parce qu’elles sont beaucoup moins payées dans le public que dans le privé. Le salaire moyen des infirmières en France est au 26ème rang des pays de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économiques). Il est donc inférieur à nos voisins. Cet élément est notable en particulier en Île-de-France car avec leurs salaires, les infirmières n’arrivent pas à se loger, les loyers étant trop élevés en région parisienne.
Le manque de personnel entraîne donc une fermeture des lits pour les tout-petits ?
Oui effectivement. Il y a eu des fermetures de lits en soins critiques, en réanimation, en soins continus, à une période elle-même critique puisqu’on était en plein pic de bronchiolite.
Le problème est que l’on est en manque de personnel pour s’occuper des enfants. Il y a des ratios qui existent mais ils doivent être tenus afin d’assurer la sécurité des enfants. Avec du personnel manquant, on est obligé de fermer des lits. La conséquence a été que les patients qui avaient besoin de réanimation ont été transférés en province. C’est un déracinement très violent pour les familles. C’est très compliqué pour elles de rendre visite aux enfants. Et bien que le SAMU assure la sécurité des transferts, on aurait pu voir survenir des événements indésirables.
Bien que le système de soin pédiatrique en France soit excellent, quel est le danger pour nos établissements ?
L’enjeu est qu’il faut réussir à maintenir notre qualité de soin. Notre système est, encore aujourd’hui, très performant. Mais il commence à montrer des difficultés car les soignants désertent les hôpitaux. Et en particulier les filières compliquées comme la réanimation pédiatrique. Cela s’explique par le fait qu’il faut des infirmières formées mais que le temps de formation est long. Et cette expertise-là, elle n'est pas interchangeable facilement.