"Je lui ai dit : un de nous 2 va passer par la fenêtre" : burn-out parental, mères à bout de souffle
La maison des Maternelles- 24 min 30 s
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Margot, maman de Lena, 3 ans, et Clément, 9 mois, a vécu ce qu'on appelle un burn-out parental. Elle témoigne :
« À la naissance du deuxième, je me suis sentie totalement débordée. Ça a été un chamboulement. Je pleurais tous les jours. Clément pleurait beaucoup aussi. Il avait beaucoup besoin d’être au sein. Je devais être tout le temps collé à lui, tandis que Lena me réclamait aussi beaucoup. »
C’est un fait : la maternité, dans la vraie vie, n’a pas grand-chose à voir avec l’image qui nous en est dépeinte et que l'on fantasme depuis toujours. Oui, la maternité peut être difficile à vivre. Oui, on peut se sentir épuisée, dépassée, à bout.
Lorsque cet état dure et s’installe, on parle alors de burn-out parental. Aurélia Schneider, psychiatre et auteure du livre « La charge mentale des femmes… et celle des hommes » aux éditions Larousse, explique :
« Le burn-out parental est un état d’épuisement qui arrive dans les suites de la naissance, mais qui peut aussi arriver longtemps après la naissance. C’est différent du baby-blues, qui lui arrive plutôt dans les 10 jours qui suivent la naissance. Il faut aussi le différencier de la dépression du post-partum. Dans ce cas là, la femme se retrouve dans un état dépressif qui est total, qui touche toute la vie : sa vie familiale mais aussi son travail, son environnement »
Alors, comment différencier le burn-out parental ? Là encore, la psychiatre explique :
« La différence c’est que dans le burn-out parental, on ne s’en sort pas avec ses enfants mais c’est parfois un soulagement de reprendre le boulot. Car on est dans l’impossibilité de s’occuper de ses enfants. Il y a aussi l’irritabilité, l’agacement, la sensation qu’on est exaspéré par ses enfants. C’est très culpabilisant pour les mères. Les troubles du sommeil, l’insomnie sont aussi des signes de mal-être. On peut aussi ressentir des douleurs physiques, avoir une sensation que le corps ne va pas. »
Margot craque, quelques mois après la naissance de Clément :
« Quand Clément a eu 3 mois, je me suis effondrée. J’ai lui ai dit qu’il fallait qu’on fasse quelque chose, que c’était lui ou moi, qu’un de nous 2 allait finir par passer par la fenêtre. Un jour, j’étais tellement à bout que j’ai appelé le 119, car j’avais peur de le secouer. Je suis allée à la PMI, et la pédiatre a contacté le service de périnatalité. J’ai rencontre un psychiatre le jour même. Après cela, j’ai été hospitalisé avec mon bébé dans un service spécialisé. »
Même si chaque femme peut vivre un burn-out parental, Aurélia Schneider évoque plusieurs facteurs de risques, comme :
- Une personnalité anxieuse, avec une intolérance à l’incertitude,
- Perfectionniste,
- Ayant un problème d’estime de soi,
- Vulnérable aux discours, à la pression sociale, à la pression des réseaux sociaux, de l’entourage.
Aurélia Schneider explique aussi la difficulté pour ces femmes de sortir de l'injonction à vouloir être la "mère parfaite", sur tous les fronts :
« Une mère qui fait un burn-out a l’impression qu’elle doit être la mère parfaite, faire tout toute seule, gérer la cuisine, la maison, elle a du mal à demander de l’aide. Les mamans qui se retrouvent en burn-out ont aussi souvent tendance à se comparer, à se dire que d’autres s’en sortent mieux qu’elle ! Stop ! Il faut arrêter ca. D’abord, on ne sait pas comment ça se passe pour les autres. Et puis c’est sa situation a soi qui prévaut sur toutes les autres : il faut l’accepter et demander de l’aide le plus vite possible. Ne pas avoir honte. Il faut changer son emploi du temps, confier les aînés à la cantine… Bref, arrêter de vouloir être la mère parfaite ! »
Si les solutions ne sont pas évidentes, le burn-out parental demande un suivi, médical et psychologique, afin d'apprendre à "lâcher-prise", ou plutôt, à prévenir l'état d'épuisement, comme Aurélia Schneider l'explique :
« Le lâcher-prise c’est dur à entendre pour les mamans en burn-out, ça ne veut rien dire. Le mieux c’est la prévention. Vous êtes perfectionniste ? C’est quoi votre perfectionnisme ? Où est-ce que vous mettez vos priorités, et combien il y en a ? S'il y a plus que 3 priorité par jour, c’est qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Il faut limiter ses priorités, et le reste du temps : confier son enfant, ne pas culpabiliser de le laisser. Demander de l’aide dans une PMI, à une assistante sociale, dire qu’on est en difficulté. Se décharger des choses qui ne sont pas indispensables. »